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Mémoires d’un grand guerrier de l’antiquité

Doaa Elhami, Lundi, 12 octobre 2015

Soldat du Nouvel Empire, Ahmos (1580–1520 av. J.-C.) relate sur les parois de sa tombe dans la région d'Esna, en Haute-Egypte, ses prouesses sur les champs de bataille.

Mémoires d’un grand guerrier de l’antiquité
Sur le parois de sa tombe, Ahmos, fils d'Abana, en tenue d'apparat et une partie de ses mémoires. (Photo : Cultnat)

J’ai grandi dans la ville de Nekeb alors que mon père était un soldat du roi de Haute et de Basse-Egypte, Sekenen Rê Taa II. Je commençais la carrière de soldat à la place de mon père dans le bateau taureau sauvage. J’étais un jeune homme, qui n’avait pas encore pris d’épouse. Puis après que j’eus fondé un foyer, je fus enrôlé dans le bateau parce que je montrais de la bravoure ».

C’est ainsi qu’Ahmos, fils d’Abana, commence le récit de sa vie sur les bas-reliefs de sa tombe. Il s’agit de la première autobiographie de l’histoire. S’étalant sur 40 clones, divisé en quatre chapitres, ce témoignage rarissime d’un officier égyptien enrichit notre connaissance sur la vie des soldats des armées pharaoniques. Ces derniers étaient promus et récompensés en fonction de leur mérite sur le champ de bataille.

Ahmos a vécu au début du Nouvel Empire, sa carrière militaire commence sous le règne du pharaon Ahmosis Ier, qui chasse les Hyksos d’Egypte, et se poursuit sous les règnes d’Amenhotep Ier et de Thoutmosis Ier. C’est au cours des campagnes militaires de ces trois pharaons qu’Ahmos gravit les rangs de la hiérarchie militaire et s’enrichit.

Ahmos, fils d’Abana, a préféré être affilié à sa mère plutôt qu’à son père. « C’est rare de trouver une personne nommée par sa mère dans l’Egypte ancienne », explique l’égyptologue Amira Seddiq, au Centre de documentation du patrimoine culturel et naturel (Cultnat). Néanmoins le statut élevé des femmes à l’époque explique cette particularité

Un soldat richement récompensé

Les hiéroglyphes de la deuxième partie de cette autobiographie décrivent la guerre contre les envahisseurs hyksos, tout en valorisant le rôle du défunt à travers les récompenses qu’il a reçues du souverain. « Puis on se mit à piller Avaris et j’en rapportais un butin, un homme, 3 femmes. Sa Majesté me les donna comme serfs puis on assiégea Sharouen pendant trois ans, qui fut ensuite mise à sac par sa majesté. Alors j’en rapportais un butin, deux femmes et une main. On me donna l’or de la vaillance et voyez, on les sert comme butin », affirme Ahmos.

Selon le récit qu’il fait de cette guerre, Ahmos s’y serait particulièrement illustré tant dans l’infanterie que dans la marine de guerre. Pour prouver sa bravoure, le soldat n’hésite pas à signifier le nombre de « mains » qu’il aurait rapporté au héraut royal. « Lorsqu’un soldat tuait un ennemi, il coupait sa main comme preuve de sa valeur et pour comptabiliser le nombre de morts », explique Amira Seddiq. Après chaque bataille, Ahmos, fils d’Abana, était récompensé par son souverain. De l’or, des serfs et des terres étaient des récompenses qui lui étaient attribuées pour ses actes de bravoure, que ce soit sous le règne d’Ahmos Ier, d’Amenhotep Ier ou de Thoutmosis Ier.

Un officier supérieur de l’armée pharaonique

Si Ahmos, fils d’Abana, a prouvé sa bravoure sous le règne d’Ahmos Ier, il en a fait de même sous le règne du roi Amenhotep Ier au cours de sa campagne en Haute-Nubie. Le souverain qui voulait étendre les frontières de l’Egypte a mis Ahmos, selon son récit, à la tête de l’armée égyptienne pour diriger la guerre. L’officier se serait de nouveau fait remarquer par son courage et aurait rapporté deux mains et un prisonnier. Comme d’habitude, l’officier était récompensé avec de l’or et des serfs, et fut nommé « combattant du souverain ».

La quatrième et dernière partie de cette autobiographie relate la vie de l’officier sous le règne de Thoutmosis Ier. Ahmos y occupe, alors, un rôle plus important en particulier dans les guerres que mène le pharaon hors des frontières de l’Egypte, en Nubie et en Asie. En Nubie, les campagnes visaient à assujettir des royaumes frontaliers pour défendre le pays contre de potentielles invasions. L’officier Ahmos participe à ces campagnes pour mater les rébellions nubiennes et renforcer la position de l’Empire jusqu’à la deuxième cataracte. Pour le récompenser, le souverain le nomme alors « Supérieur des rameurs ». « Ayant vieilli j’atteignais le grand âge. Aimé de mon seigneur, ainsi, je reposerai dans la tombe que j’ai construite moi-même ». Après ce long parcours dans les champs de bataille, Ahmos, fils d’Abana, est fier de ses récompenses, ses rois et son pays. Au crépuscule de sa vie, ce dernier souhaite reposer dans sa tombe d’Al-Kab, non loin de l’ancienne Thèbes. C’est ainsi que s’achève l’autobiographie de ce grand soldat qui, grâce à son mérite et son courage, a gravi les échelons de la hiérarchie et est devenu un propriétaire terrien.

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