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Voter, dans quel but ?

May Atta, Lundi, 05 octobre 2015

A Gamaliya, au Caire, les élections ont un air de déjà-vu. Les électeurs pensent que les élections n'apporteront pas de grands changements.

Voter, dans quel but ?
La circonscription de Gamaliya est le quartier de naissance du président Sissi. (Photos : May Atta)

La circonscription de Gamaliya, un quartier du Caire, cache derrière ses splendides monuments islamiques une pauvreté endémique. Dans cette circonscription, 30 candidats sont en lice. La bataille principale oppose deux anciens rivaux des élections de 2005 : Haydar Baghdadi, avocat et ancien membre du Parti National Démocrate (PND) et le Néo-wafdiste, Mohamad Al-Maliki. Maliki avait perdu en 2005 au second tour face à Baghdadi. Face à ces deux candidats qui possèdent une grande expérience électorale, se trouve une multitude d’outsiders dont la danseuse orientale Sama Al-Masri, connue pour ses critiques acerbes des islamistes et qui se présente en tant qu’indépendante.

Une décision de justice lui avait interdit de disputer les élections, mais la danseuse a fait appel de cette décision et attend un verdict. Outre Al-Masri, Mona Gaballah du parti des Egyptiens Libres, Rafaat Hassouna du Parti nassérien, Hassan Abdel-Aal du parti du Congrès, sont également en lice. Gamaliya est la région où est né le président Abdel-Fattah Al-Sissi. Bien que la campagne électorale ait commencé, aucune affiche n’est encore visible dans les rues. Et les habitants se désintéressent visiblement du scrutin. « Les élections cette année sont un remake de celles de 2005 et de 2010. En 2010, Ayman Salah, candidat du PND, et Hazem Badreddine, indépendant, avaient gagné grâce au manque d’intérêt des habitants », estime Adel Gomaa, propriétaire d’un bazar dans la rue Al-Moez. Il ajoute que cette année, les islamistes et les salafistes sont absents de la circonscription malgré leur succès en 2012. En effet, lors des élections de 2012, Khaled Mohamad et Nasreddine Ibrahim, candidats des Frères musulmans, avaient remporté la majorité des voix, n’ayant face à eux que les candidats de l’ex-PND. Mais cette année, les choses se présentent différemment. Les islamistes sont absents de la scène.

Et personne ne veut en entendre parler. « Dans ce quartier, nous n’aimons pas les islamistes. Plusieurs habitants travaillent dans le commerce qui est basé sur le tourisme, et les islamistes, avec leur intolérance, ont poussé les touristes à partir. De toute façon, les habitants ne sont pas intéressés par les élections de cette année », lance un vendeur d’antiquités. Il a sa propre idée sur les candidats. « J’espère que Sama Al-Masri pourra se présenter. Le fait qu’elle soit une danseuse ne me gêne pas. Au moins, elle est claire, et tout le monde sait que c’est une danseuse, mais nous ne savons pas ce qui se cache derrière les autres candidats », ajoute-t-il. Mossaad, propriétaire d’un café, ne croit pas à l’utilité des élections. « La plupart des candidats étaient là en 2010 et 2012 et ils n’ont jamais rien fait. Ils essaient d’acheter les électeurs avec de l’argent. Nous les voyons seulement durant les élections ». Mona Al-Séguini, propriétaire d’un bazar d’articles en cuivre, se présente aux élections en tant qu’indépendante. Elle ne sait même pas que la campagne électorale a commencé : « Je ne paierai pas une piastre dans la campagne électorale. Je suis la seule candidate que les habitants connaissent. J’habite ce quartier depuis ma naissance. Je parle avec les gens dans le bazar, dans la rue, dans les cafés. Voilà... ». Mais beaucoup d’habitants se disent se désintéresser des élections. « Ces candidats ne nous présenteront rien de nouveau », dit une citoyenne de passage.

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