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La crise de l’édition

Dina Kabil, Rasha Hanafy et Nada Al-Hagrassy, Lundi, 24 août 2015

Les maisons d’édition privées souffrent d’une crise économique, du monopole de la distribution et de l’absence de législation encadrant l’industrie du livre. Certaines parviennent pourtant à survivre tant bien que mal. Rencontre avec ces maisons qui tentent de faire changer les choses.

Les maisons d’édition pri­vées se sont dernièrement multipliées, et des centaines de nouveaux titres submer­gent le marché. Pourtant, cela ne reflète aucunement une floraison dans l’industrie du livre. Les derniers chiffres fournis par l’Organisme général des statistiques relèvent une nette augmentation de 3,7 % de titres publiés pour atteindre 111 000 titres en 2013, par rapport à 107 000 titres en 2012. Aujourd’hui, et malgré le manque de statistiques fiables, la majorité des maisons d’édition « sérieuses » possédant un esprit jeune et progressiste et qui cherchent à publier des livres invitant à la libre pensée, affrontent de nombreux pro­blèmes.

Primo, une régression du nombre de lecteurs fait suite à un appétit gran­dissant pour la lecture lors de l’année de la révolution en 2011, lorsque la jeune génération s’ouvrait à tous les domaines de la connaissance. Pourtant, certains éditeurs restent optimistes, comme Karam Youssef, propriétaire et responsable de Kotob Khan. D’autres maisons d’édition pensent leur avenir menacé et cher­chent à diversifier leurs sources de revenus.

Si Karam Youssef réalise que le lecteur fuit en ce moment la politique, la pensée et la littérature au détriment des frivolités, des romans de gares et autres livres de trottoirs, elle ne s’in­quiète pas pour autant. Pour elle, le succès des best-sellers bas de gamme est un premier pas vers la recherche de contenus plus sérieux et dévelop­pés. La révolution y est pour quelque chose. Elle a, pour certaines maisons, le mérite d’avoir dévoilé le manque flagrant de la libre pensée dans les nouvelles publications.

Les responsables des maisons d’édi­tion que nous avons rencontrés se situent entre les tycoons de la publica­tion qui monopolisent la distribution du livre et les jeunes maisons nais­santes qui recherchent des gains rapides sur le court terme. Ainsi, Dar Laïla, Safsafa, Al-Rabie Al-Arabi, Rawafed ou Al-Arabi se sont affir­mées sur la scène de l’édition ces dernières années comme des maisons sérieuses recherchant d’abord la qua­lité des contenus. Quant à la librairie Kotob Khan, elle s’est tournée depuis deux ans vers l’édition, diversifiant ainsi ses activités.

En plus des difficultés qui pèsent sur le marché du livre aujourd’hui, ces maisons affrontent les mafias de la distribution dans le pays, la faiblesse du pouvoir d’achat, avec surtout les reproductions illégales de livres contournant les droits de la propriété intellectuelle. Malgré des budgets res­treints, ces éditeurs, passionnés du livre, tentent de contourner les pro­blèmes, ne serait-ce que momentané­ment .

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