A moins de trois semaines des législatives prévues le 22 janvier, la campagne électorale bat son plein en Israël. A commencer par le grand favori du scrutin : le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, chef du Likoud (droite), qui reste le dirigeant politique auquel les Israéliens font le plus confiance, selon tous les sondages.
Exposant son programme électoral devant ses partisans, le chef du Likoud a affirmé, vendredi, que sa priorité serait de « stopper » le programme nucléaire iranien. « Qui les électeurs considèrent-ils comme le candidat le plus à même de faire face à la menace iranienne ? A la menace liée aux missiles ? A la menace du terrorisme ? », s’est exclamé Netanyahu devant ses partisans rassemblés à Jérusalem. « Il nous reste encore beaucoup de choses à faire. Avant toute chose, nous devons stopper le programme nucléaire iranien. C’est ma première mission en tant que premier ministre », a averti le chef du gouvernement israélien qui a menacé ces derniers mois de recourir à une opération militaire contre l’Iran.
La colonisation, grand sujet de campagne
M. Netanyahu a dressé un bilan économique flatteur de son gouvernement et n’a que brièvement évoqué le conflit avec les Palestiniens qu’il a mal géré jusqu’à présent. « Notre main sera toujours tendue vers nos voisins pour une paix véritable et réciproque, tout en continuant à insister sur les intérêts vitaux de l’Etat d’Israël », a-t-il répété.
Promettant de « renforcer » encore les colonies juives, le premier ministre, jure de nouveau qu’« avec l’aide de Dieu, nous continuerons à vivre et à bâtir à Jérusalem, qui restera toujours indivisible sous la souveraineté israélienne ».
A l’approche des élections, le gouvernement Netanyahu a promis de construire des milliers de logements pour les colons à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée, pour punir les Palestiniens d’avoir demandé et obtenu le statut d’Etat observateur à l’Onu.
Ces « provocations » ont été condamnées cette semaine par la communauté internationale — y compris les Etats-Unis — qui ne reconnaît ni l’occupation et l’annexion de Jérusalem-Est, le secteur en majorité arabe de la Ville sainte, ni les colonies juives, illégales au regard du droit international. Les Palestiniens considèrent que ces projets de colonisation sonnent le glas du processus de paix.
Compliquant de plus en plus le processus de paix déjà paralysé, l’allié de « Bibi » et ex-ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui a démissionné le 13 décembre à la suite de son inculpation pour fraude et abus de confiance, a mis de l’huile sur le feu. « Il ne sera possible de reprendre le processus diplomatique qu’après la disparition de Mahmoud Abbas comme responsable de l’Autorité palestinienne », a-t-il indiqué.
Ces déclarations interviennent au lendemain de menaces de Mahmoud Abbas de dissoudre l’Autorité palestinienne et de rendre la gestion de la Cisjordanie à Israël, si le gouvernement israélien issu des élections du 22 janvier ne cherche pas à relancer les négociations de paix.
Le « Foyer juif » en troisième force politique
Même si son avenir politique paraît compromis à court terme après les accusations qui lui ont été adressées, Lieberman reste pour le moment le numéro deux du bloc favori des élections, qui regroupe son parti « Israël Beiteinou » et le Likoud. Selon les experts, ces diffamations qui entachent la réputation de Lieberman risquent d’avoir un effet négatif sur la liste « Likoud-Israël Beiteinou ».
Selon un récent sondage réalisé par l’Institut Dahaf sur un échantillon de 1 250 personnes, représentatif de la population d’Israël, ce bloc favori du vote est crédité de 33 députés sur 120, 2 de moins que dans une enquête similaire effectuée il y a deux semaines. Arrivent ensuite le parti travailliste de Shelly Yachimovich, qui compterait 17 élus, et le « Foyer juif » (droite nationaliste religieuse) de Naftali Bennett qui en aurait 12, ce qui constitue un net progrès pour ce parti qui n’a que 3 députés aujourd’hui au Parlement.
Le « Foyer juif », très proche du mouvement des colons, s’impose ainsi comme la troisième force politique en Israël. Ensuite arrivent à égalité le Shass (orthodoxe sépharade) crédité de 11 sièges, HaTnouah (centriste) de l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et Yesh Atid de l’ex-journaliste vedette Yaïr Lapid. En queue des sondages, on trouve le Judaïsme unifié de la Torah (orthodoxe ashkénaze) avec 6 sièges et Meretz (gauche laïque) avec 4 sièges. Mais si Lieberman est jugé coupable, le bloc en tête du scrutin pourrait s’écrouler et faire mentir toutes les prévisions.
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