Les évolutions étrangères et notamment régionales sont extrêmement complexes et nécessitent que la situation interne égyptienne soit solide afin de les affronter. Il est digne de constater que trois évolutions régionales influencent le plus nos défis internes. En premier, vient le succès de l’Iran à s’attirer le consentement des 6 superpuissances du monde, à savoir le groupe 5+1, soutenues par une résolution internationale numéro 2 231 promulguée par le Conseil de sécurité le 20 juillet dernier, devenant ainsi un Etat nucléaire en contrepartie de la levée des sanctions internationales qui lui sont imposées. En deuxième lieu, il y a le nouveau rapprochement entre le mouvement de résistance islamiste Hamas et le Royaume saoudien. Puis en troisième lieu, la Turquie s’est engagée pour la première fois dans la guerre internationale menée contre l’Etat islamique (Daech).
Comment l’Egypte va-t-elle traiter avec ces évolutions ?
Comment allons-nous traiter avec le nouvel Iran qui est devenu l’ami de l’Occident et de l’Orient, et qui est en voie de s’affirmer en tant que force régionale hégémonique ? Quelle est notre position vis-à-vis de la Turquie qui lutte contre Daech à l’intérieur de la Syrie, mais qui, en même temps, entretient des relations solides avec les Frères musulmans et le Qatar ?
La guerre contre Daech peut-elle devenir une nouvelle brèche dans les relations égypto-turques bien que les intentions de la Turquie à cet égard ne soient pas claires et plutôt controversées. Il semble qu’Ankara cible plutôt les Kurdes et non l’EI. Qu’en est-il des intentions de la Turquie qui sont négatives contre la Syrie et son unité nationale ? Ceci s’est manifesté lorsque Ankara a conditionné son engagement dans cette guerre à l’établissement d’un embargo aérien dans le nord de la Syrie, mettant ainsi à nu les ambitions turques à Alep, quitte à menacer l’intégrité territoriale syrienne. Quelle sera la position de l’Egypte vis-à-vis de la Turquie à la lumière des évolutions et dans le cadre du rapprochement turco-saoudien visant à contenir l’Iran ?
Quelle sera notre position vis-à-vis du mouvement Hamas suite à son rapprochement avec l’Arabie saoudite, d’autant plus qu’il est visé par Daech ? Le rapprochement du Hamas avec l’Arabie saoudite signifie son éloignement de l’Iran. Outre cela, le terrorisme des groupes salafistes djihadistes, surtout ceux émanant des groupes alliés de Daech, qui la frappe de plein fouet pourrait séduire l’Egypte pour se rapprocher d’elle dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Mais la relation entre le Hamas et les Frères demeure complexe. Quelle sera la nature de la décision égyptienne ? Demeurera-t-elle isolée de toute coordination avec le Hamas à cause de sa relation avec les Frères ? Ou bien refera-t-elle ses calculs pour un rapprochement avec le Hamas dans le cadre d’une guerre contre le terrorisme ?
Que d’évolutions importantes et complexes simultanées. Mais l’évolution iranienne demeure la variable clé, à la fois au niveau régional et international.
Une évolution qui changera la carte des coalitions et des conflits régionaux et met l’Egypte devant des choix difficiles et plus complexes dans la nouvelle équation des politiques occidentales de rapprochement avec l’Iran. Surtout à la lumière d’une résolution internationale qui mettrait l’Iran à l’avant-garde du club nucléaire qui entraînera des changements majeurs dans les équilibres de forces régionales.
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