Le Caire souhaite que l'étude sur la viabilité du barrage soit achevée car les travaux de construction avancent très vite (Photo: AP)
« Cette réunion s’est déroulée en présence des représentants des deux bureaux de consultation chargés d’effectuer l’étude sur la viabilité du barrage », affirme Ahmad Bahaa, président du secteur de l’eau du Nil au ministère des Ressources hydriques et membre de la délégation égyptienne. L’Ethiopie avait annoncé en 2010 son intention de construire un grand barrage sur les eaux du Nil bleu, le barrage de la Renaissance, afin de produire de l’électricité et d’irriguer de nouveaux terrains agricoles. Le projet a soulevé l’inquiétude de l’Egypte, qui craint des effets négatifs sur sa part dans les eaux du Nil.
Tandis que les travaux de construction du barrage ont commencé en avril 2011, Le Caire s’est engagé dans un long processus de négociations avec Addis-Abeba afin de s’assurer que le barrage n’aura pas d’impact sur sa quote-part en eau. C’est dans ce contexte que l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie se sont accordés à recourir à deux bureaux de consultation européens, un français et un hollandais, afin de mener une étude sur la viabilité du barrage.
Et un accord de principe a été signé le 23 mars à Khartoum obligeant les trois pays à respecter les résultats des études élaborées par les deux bureaux. Les trois pays se sont en outre accordés à former un comité technique composé de 12 experts, quatre de chaque pays, en vue de discuter des détails techniques liés au barrage. Celui-ci se réunit alternativement dans les capitales des trois pays.
Beaucoup de retard
« Les deux bureaux ont présenté les détails de leur plan de travail », explique Ahmad Bahaa. L’étude de viabilité doit être achevée dans un délai de 5 à 11 mois à compter de la date de la signature du contrat. Or, celui-ci n’a pas encore été signé officiellement. « La signature du contrat avec les deux bureaux de consultation a déjà pris beaucoup de retard. Cette situation n’est pas dans l’intérêt de l’Egypte, car plus le temps passe et moins Le Caire aura des chances de changer l’état des choses », affirme Abbas Charaqi, professeur de ressources hydrauliques à l’Université du Caire. « Cela fait trois mois et demi que l’accord de principe a été signé, mais jusqu’à présent, nous n’avons avancé sur aucun point. Ces réunions font perdre beaucoup de temps à l’Egypte », ajoute-t-il.
En effet, Le Caire souhaite à présent que l’étude sur la viabilité du barrage soit achevée le plus vite possible, car les travaux de construction du barrage avancent très vite. La presse a fait état cette semaine de « divergences » entre l’Egypte et le Soudan sur la durée de l’étude de viabilité, les Soudanais estimant que l’étude doit « prendre son temps » et doit être menée dans les meilleures conditions possibles. D’autres divergences, toujours selon la presse, avaient trait à l’endroit où le contrat sera signé avec les bureaux de consultation, Le Caire et Addis-Abeba voulant chacun que le contrat soit signé sur son territoire.
Alaa Yassine, conseiller du ministre des Ressources hydriques et de l’Irrigation et membre du comité égyptien de négociations relatives au barrage de la Renaissance, nie cependant ces divergences. « Les journaux exagèrent beaucoup. Ce qu’ils disent n’a rien à voir avec la vérité », souligne Yassine. Il assure que les négociations passent actuellement par la phase la plus importante, car « il est question de détails très techniques et très minutieux qui se rapportent à la manière dont sera conduite l’étude de viabilité ». Les négociations techniques sont ardues, car chacun des trois pays a ses priorités et ses intérêts.
« Le négociateur égyptien tient aux droits et aux constantes égyptiens en mettant l’accent sur le droit de tous les pays du Bassin du Nil au développement, mais toujours sans porter atteinte aux intérêts et aux droits des autres pays », avoue Yassine. La prochaine réunion du comité technique se déroulera dans deux semaines dans la capitale soudanaise, Khartoum, en présence des ministres de l’Irrigation des trois pays. Selon le ministère des Ressources hydriques et de l’Irrigation : « ll y a encore des points en suspens qui doivent être examinés par les gouvernements des trois pays ». Pour Abbas Charaqi, le fait qu’il y ait des points en suspens n’est pas bon pour l’Egypte, car « le temps joue contre Le Caire ».
Lien court: