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Ossama Chaath : Trois scénarios sont possibles

Osmane Fekkri, Mardi, 30 juin 2015

Ossama Chaath, professeur de sciences politiques et membre du Fatah, s’exprime sur la crise liée à la formationdu nouveau gouvernement palestinien.

Ossama Chaath
Ossama Chaath

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi le président palestinien, Mahmoud Abbas, a-t-il pris l’initiative de former un nouveau gouvernement ?

Ossama Chaath : Le gouvernement de technocrates a été formé sur une base consensuelle en vertu des accords de réconciliation. Il était supposé durer 6 mois, au cours desquels il devait se pencher d’abord sur les dossiers de la reconstruction, la réunification des institutions nationales, la préparation des élections parlementaires et présidentielle. Malheureusement, ce gouvernement s’est avéré incapable de remplir ces missions. Il n’a ni intégré les fonctionnaires, ni unifié les institutions. Il n’a pas réussi non plus sur les points de passage, ni n’a tenu des élections.

Où en sommes-nous de la formation du nouveau gouvernement ?

— Le comité exécutif de l’OLP, en sa qualité de parrain national du peuple palestinien, a décidé de tenir des consultations avec toutes les factions palestiniennes, le Hamas et le Djihad islamique compris, dans l’objectif d’aboutir à une entente nationale ou du moins d'arracher une approbation pour le nouveau gouvernement qui, selon toute vraisemblance, se formera sur un plus large éventail que le précédent. Je crois que les négociations vont bon train, réunissant les différentes factions, en dépit des difficultés qui entravent la formation de ce nouveau gouvernement.

Pourquoi cet échange d’accusations autour de la formation de ce nouveau gouvernement ?

— Un problème existe au niveau du mécanisme même des consultations de la formation du gouvernement. Cela est dû à la décision du comité exécutif de l’OLP de devenir l’initiateur des consultations pour sa formation. Initiative contestée par le Hamas du fait de sa non-reconnaissance de la légitimité de l’OLP, bien qu’il admette en l’occurrence le cadre d’action de l’OLP, stipulé par l’accord du Caire en 2005, selon lequel un comité de développement des institutions de l’OLP doit être formé, regroupant les membres du comité exécutif, les secrétaires des factions y compris le Hamas et le Djihad, outre les présidents des conseils national et législatif. Mais juridiquement parlant, ce comité n’est pas un substitut au comité exécutif et son rôle se limite exclusivement à la réforme des institutions de l’OLP.

— Le Hamas accuse le président palestinien de refuser la formation d’un gouvernement d’unité nationale et d’opter pour un gouvernement allié, accentuant la division. Qu’en pensez-vous ?

— Le peuple palestinien sait parfaitement bien qui est derrière l’échec du gouvernement d’entente et qui lui a mis des bâtons dans les roues. Il sait parfaitement bien qui a renvoyé ses ministres de Gaza et qui a empêché les anciens employés de retrouver leurs postes. Les citoyens savent qui a refusé les points de passage, qui a décidé de nouveaux impôts pour accumuler des fonds sans coordination aucune et qui négocie à titre unilatéral avec Israël sans aucune unanimité nationale. Il est clair que c’est bien le Hamas qui est derrière toutes ces tergiversations et non Abou-Mazen, qui a insisté sur le dait de consulter toutes les factions pour former et élargir le gouvernement national.

Mais selon le ministre français des Affaires étrangères, Abbas affirme que le nouveau gouvernement ne regrouperait que des parties reconnaissant Israël. Cela veut-il dire l’exclusion du Hamas ?

— D’abord, le gouvernement est toujours le reflet du programme du président. Ensuite, il est insensé de dire qu’un parti ou une faction doit reconnaître un Etat. On ne peut pas demander au parti travailliste ou au Likoud de reconnaître l’Etat palestinien. La reconnaissance se fait toujours entre Etats ou gouvernements. Et donc, il est du droit du Fatah ou du Hamas de ne pas reconnaître Israël. Quant au gouvernement israélien, il entrave le déplacement des ministres, des dirigeants politiques et des parlementaires du Fatah. De nombreux membres du conseil législatif gisent toujours dans les cellules israéliennes. Tel-Aviv a également pris soin de retirer les cartes VIP qui facilitent le déplacement des dirigeants politiques éminents comme Nabil Chaath, Abbas Zaki et autres. Et donc dans un tel contexte, il n’est pas logique que le nouveau gouvernement regroupe les dirigeants politiques du Hamas dont le déplacement est continuellement entravé par Israël, et qu’il soit plutôt celui de technocrates qui pourraient être proches de cette faction. L’essentiel est que le nouveau gouvernement accomplisse rapidement les échéances nationales suspendues depuis longtemps. Il devra réaliser la réconciliation, reconstruire Gaza et préparer les élections.

Quels sont les scénarios possibles pour la formation du gouvernement ?

— Je pense que trois scénarios sont possibles. Le premier est la formation d’un gouvernement national présidé par le président Mahmoud Abbas en personne. A mon avis, ceci ne fera qu’alourdir son fardeau. Le deuxième est la formation d’un gouvernement national présidé par l'une des figures de proue de l’OLP. Cependant, ce scénario est le moins plausible, car il nécessitera des semaines de négociations pour aboutir à une entente, surtout avec le Hamas.

Le troisième est de charger Rami Hamdallah de former un gouvernement national élargi avec la nomination de nouveaux ministres et une nouvelle répartition des portefeuilles. Ce scénario me semble plus applicable que les deux précédents.

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