Lundi, 09 décembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Tourisme >

Mohamad Ibrahim Abdel-Aal : Les trouvailles archéologiques deviennent de plus en plus énigmatiques

Doaa Elhami, Mardi, 16 juin 2015

Entretien avec Mohamad Ibrahim Abdel-Aal, maître-adjoint des antiquités islamiques à l’Université de Aïn-Chams et membre de la mission franco-égyptienne qui s'occupe des murailles du Caire.

Mohamad Ibrahim Abdel-Aal
Mohamad Ibrahim Abdel-Aal, maître-adjoint des antiquités islamiques à l’Université de Aïn-Chams.

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi Le Caire fatimide était-il encerclé par plusieurs murailles avec des portes ?

Mohamad Ibrahim Abdel-Aal : A l’origine, Le Caire était bâti comme une grande forteresse qui abritait les troupes venant du Maghreb avec Gawhar Al-Séqilli. Au centre de cette ville il avait érigé le palais du calife. Il l’a alors encerclé par une muraille en pierre crue. Cent ans plus tard, avec l’arrivée de Badr Al-Gamali, Le Caire s’élargit grâce à l’expansion urbaine et Al-Gamali a bâti une autre muraille, toujours en pierre crue. Mais il avait construit des portes en utilisant de grands blocs de pierre. L’histoire des murailles ne s’arrête pas là. Salaheddine Al-Ayoubi (Saladin) avait lui aussi laissé son empreinte sur Le Caire et ses murailles.

Mais toutes ces portes ne sont pas connues. Pourquoi ?

— Les études effectuées sur les murailles du Caire et leurs portes sont très modestes. Ceci est dû à plusieurs raisons, dont les plus importantes sont l’expansion urbaine et démographique. La plupart de ces lieux sont complètement ensevelis et sont surmontés par des maisons, boutiques et ateliers. Bref, toute une autre vie.

— Mais vous êtes membre d’une mission qui s’occupe des murailles du Caire ...

— Notre mission, dirigée par l’expert en archéologie islamique à l’IFAO, Stéphane Pradines, a commencé depuis presque une quinzaine d’années. La mission a travaillé dans plusieurs endroits, notamment à Bab Al-Nasr et les maisons mameloukes, jusqu’à Bab Al-Mahrouq, près du parc d’Al-Azhar, et Borg Al-Zafar dans les environs de Darrassa. C’est une zone assez large.

— Des découvertes intéressantes ?

— Dernièrement, nous avons dégagé près de la muraille de Bab Al-Nasr les fondements de petites maisons qui datent de l’époque mamelouke et qui sont éparpillées tout au long de la muraille. Ces maisons comprennent des réseaux sanitaires qui rejetaient les eaux usées hors de l’enceinte. Le plus surprenant c’est que nous avons dégagé une autre muraille qui longe celle de Badr Al-Gamali. On peut lire la date de son édification (480-485 de l’hégire). Mais qui l’avait bâtie et pourquoi ? Y avait-il des attaques sur la ville ? Personne ne le sait encore. Jusqu’à maintenant, nous n’avons rien trouvé dans les documents. Nous avons recours à l’histoire pour comprendre les trouvailles archéologiques. En même temps, nous avons constaté des inscriptions hiéroglyphiques sur certaines pierres de la porte d'Al-Nasr. Ces blocs étaient sélectionnés afin de consolider les piliers de la porte.

— Comment avez-vous pu dégager Borg Al-Zafar ?

— Grâce à des cartes anciennes, la mission a réussi à préciser son emplacement. Un endroit difficile d’accès puisque d’un côté se trouve l’administration de circulation de Darrassa, et de l’autre un bidonville. Mais la mission a décidé d’y opérer depuis quelques années. Elle avait découvert une tour de l’époque ayoubide de forme cylindrique. La muraille à la laquelle est reliée la tour Al-Zafar est en brique crue, bâtie par Badr Al-Gamali. Elle comprend des tours, plus petites et semi-cylindriques. Ces tours ont été brûlées par les voleurs qui vivaient dans cet endroit. Ce qui a augmenté la difficulté des fouilles, et par conséquent, des études. Souvent, les découvertes soulèvent des questions énigmatiques.

— Quels sont les sites qui intéressent le plus la mission ?

— Celui de Bab Zoweila qui se trouve au bout de la rue Ghouriya. A vrai dire, toute cette rue mérite d’être excavée, pas seulement la région de Bab Zoweila. Mais là aussi, beaucoup d’obstacles entravent le travail.

Al-Moezz débarque en Egypte

362 de l’hégire (973 grégorien), c’est l’année qui a vu l’arrivée d’Al-Moezz Lidine Allah Al-Fatimi, IVe calife fatimide au Maghreb et futur fondateur de l’ère fatimide en Egypte. Il est venu durant la première semaine du Ramadan, un mois de juin. Il est venu quatre ans après l’arrivée de son général Gawhar Al-Séqelli qui a fondé la nouvelle résidence du calife fatimide « Le Caire ». Afin de préparer cette arrivée, Al-Séqilli a orné Foustat, l’ancienne capitale de l’Egypte, et a érigé un pont pour franchir facilement le Nil. Une grande foule est sortie aussi pour l’accueillir dans une célébration. Le nouveau calife s’est dirigé directement vers la nouvelle capitale « Le Caire », accompagné de sa grande famille venant du Maroc, sans passer par Foustat, qui s’était pourtant préparée pour l’accueillir. D’ailleurs, Al-Moezz a emmené avec lui les dépouilles de ses ancêtres dans des cercueils et avait ordonné de bâtir un cimetière pour les y ensevelir.

D’après Al-Maqrizi, Al-Moezz était connu par sa dévotion et son amour pour la culture et la science. Il avait ordonné l’édification de la mosquée Al-Azhar qui est devenue l’école de la culture et de la science. Il encourageait aussi les poètes. Sous son règne, l’Egypte était en pleine prospérité et stabilité, puisqu’elle est devenue la résidence du calife qui régnait sur le nord de l’Afrique et La Mecque.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique