Cela fait près de quatre ans depuis la chute en 2011 de Muammar Kadhafi, que la Libye constitue un casse-tête pour les pays de la région et pour la communauté internationale. Un casse-tête qui risque de durer encore longtemps malgré les efforts menés de part et d’autre. Depuis plusieurs mois, l’émissaire de l’Onu, Bernardino Leon, tente de rapprocher les points de vue des autorités rivales pour obtenir un accord sur un gouvernement d’union nationale. Une nouvelle rencontre s’est tenue, lundi dernier, entre des représentants libyens, l’objectif de M. Leon étant de parvenir à un accord avant la fin du mois de juin. Une mission, pour le moins que l’on puisse dire, difficile. La veille, une autre rencontre a réuni au Caire les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, de l’Algérie et de l’Italie. Les trois pays ont une fois de plus appelé à une solution politique.
Si, pour l’Italie, l’une des priorités est la lutte contre l’immigration clandestine en provenance de Libye, pour les autres voisins de la Libye, notamment l’Egypte, la lutte anti-Daech passe en premier.
Car, outre la situation inédite de deux parlements et deux gouvernements opposés que vit la Libye et la présence de milices armées, une nouvelle est venue compliquer davantage la situation : la montée du groupe Etat Islamique (EI) qui poursuit sa conquête territoriale dans le pays avec la prise de la ville de Syrte, située à mi-chemin entre Tripoli et Benghazi. Et c’est là la plus grande inquiétude des voisins de la Libye, car Le Caire redoute que les milices djihadistes qui occupent une partie de l’est de la Libye, en particulier celles affiliées à l’EI, ne mettent en péril sa frontière occidentale. Pour l’heure, la priorité est de prêter main forte à l’armée régulière de Libye dans sa lutte contre Daech. Et de soutenir les instances politiques libyennes légitimes.
Déjà, la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Mohamad Al-Dairi, a averti que si la communauté internationale ne prenait pas de décision immédiate d’armer l’armée libyenne, la Libye se transformerait en un Iraq-bis. D’autres voix vont plus loin. Une intervention militaire en Libye pourrait être nécessaire, selon le ministre espagnol de la Défense, alors que l’Italie a proposé, lors de la réunion des 25 représentants des pays membres de la coalition internationale en Iraq, qui s’est tenue à Paris, que son action soit élargie à la Libye.
Mais toutes ces propositions sont-elles suffisantes pour juguler l’EI et sauver la Libye du chaos ? Rien n’est moins sûr. Car la lutte contre le terrorisme exige un accord en urgence, et doit, avant tout, passer par une entente politique .
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