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La Libye, ses voisins et l'EI

Lundi, 08 juin 2015

Cela fait près de quatre ans depuis la chute en 2011 de Muammar Kadhafi, que la Libye constitue un casse-tête pour les pays de la région et pour la communauté internationale. Un casse-tête qui risque de durer encore longtemps malgré les efforts menés de part et d’autre. Depuis plusieurs mois, l’émis­saire de l’Onu, Bernardino Leon, tente de rapprocher les points de vue des autorités rivales pour obtenir un accord sur un gouvernement d’union nationale. Une nouvelle ren­contre s’est tenue, lundi der­nier, entre des représentants libyens, l’objectif de M. Leon étant de parvenir à un accord avant la fin du mois de juin. Une mission, pour le moins que l’on puisse dire, difficile. La veille, une autre rencontre a réuni au Caire les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, de l’Al­gérie et de l’Italie. Les trois pays ont une fois de plus appelé à une solution politique.
Si, pour l’Italie, l’une des prio­rités est la lutte contre l’immi­gration clandestine en prove­nance de Libye, pour les autres voisins de la Libye, notamment l’Egypte, la lutte anti-Daech passe en premier.
Car, outre la situation inédite de deux parle­ments et deux gouvernements opposés que vit la Libye et la présence de milices armées, une nouvelle est venue compli­quer davantage la situation : la montée du groupe Etat Islamique (EI) qui poursuit sa conquête territoriale dans le pays avec la prise de la ville de Syrte, située à mi-chemin entre Tripoli et Benghazi. Et c’est là la plus grande inquiétude des voi­sins de la Libye, car Le Caire redoute que les milices djiha­distes qui occupent une partie de l’est de la Libye, en particu­lier celles affiliées à l’EI, ne mettent en péril sa frontière occidentale. Pour l’heure, la priorité est de prêter main forte à l’armée régulière de Libye dans sa lutte contre Daech. Et de soutenir les ins­tances politiques libyennes légi­times.
Déjà, la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Mohamad Al-Dairi, a averti que si la communauté internationale ne prenait pas de décision immédiate d’armer l’armée libyenne, la Libye se transforme­rait en un Iraq-bis. D’autres voix vont plus loin. Une intervention militaire en Libye pourrait être nécessaire, selon le ministre espagnol de la Défense, alors que l’Italie a proposé, lors de la réunion des 25 représentants des pays membres de la coali­tion internationale en Iraq, qui s’est tenue à Paris, que son action soit élargie à la Libye.
Mais toutes ces propositions sont-elles suffisantes pour jugu­ler l’EI et sauver la Libye du chaos ? Rien n’est moins sûr. Car la lutte contre le terro­risme exige un accord en urgence, et doit, avant tout, passer par une entente poli­tique .
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