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Edito: Une légitimité inachevée

Lundi, 24 décembre 2012

Avec 64 % de oui contre 36 % de non, la nouvelle Constitution égyptienne a finalement été approuvée le 22 décembre au terme d’un référendum controversé, qui a profondément divisé l’Egypte et a donné lieu à des manifestations parfois violentes. Tandis que les islamistes crient victoire, l’opposition dénonce des irrégularités et annonce qu’elle fera appel du résultat. « Nous demandons à la Haute Commission électorale d’enquêter sur ces irrégularités. Notre combat est pacifique. Nous voulons faire tomber une Constitution invalide », a déclaré Amr Hamzaoui, figure de l’opposition, à l’issue du scrutin. La légitimité du texte fondamental égyptien est incomplète, non pas à cause de la fraude électorale mais en raison d’un faible taux de participation. Force est de constater que le référendum a été quasiment boudé par les Egyptiens. Le taux de participation au référendum ne dépasse pas les 32 %. Cela signifie que seuls 3 Egyptiens sur 10 ont voté. Ce taux est le plus bas de la période transitoire si on exclut les élections du Conseil consultatif début 2012, qui avaient vu un taux de participation médiocre de 7 %. Lors du second tour de l’élection présidentielle en mai 2012, les Egyptiens s’étaient déplacés plus massivement. Le taux de participation était alors aux alentours de 51 %. Même chose pour les élections législatives, remportées par le courant islamiste en février 2012. Cette faible participation a deux significations. C’est d’abord un indice que la capacité de mobilisation du courant islamiste reste limitée malgré une campagne farouche pour le « oui » au référendum, souvent présenté aux électeurs comme « crucial pour l’identité islamique de l’Egypte ». Le relatif désintérêt des Egyptiens pour le référendum reflète l’incapacité des courants politiques, qu’il s’agisse des islamistes, des libéraux ou de la gauche, à mobiliser les masses. Quelques jours avant le vote, beaucoup d’Egyptiens n’avaient pas lu le texte fondamental ou ne comprenaient pas certains de ses articles. Le référendum était plus un duel politique entre les islamistes et les libéraux qu’un code pour régir la société.Et pour beaucoup d’Egyptiens, c’était là son seul enjeu.

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