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Adel Al-Fidi : Unifier les tribus est la seule garantie pour la réussite de tout accord de paix en Libye.

Maha Salem, Lundi, 01 juin 2015

Adel Al-Fidi, coordinateur général de la réunion des chefs de tribus libyennes, récemment tenue au Caire, évoque le rôle des tribus et les moyens de sortir de la crise libyenne.

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi une rencontre des chefs de tribus libyennes au Caire ?

Adel Al-Fidi : Nous nous sommes réunis pour dire au monde que la crise libyenne ne peut être réglée que par les Libyens eux-mêmes. Et ce, même s’il existe des agendas d’autres pays qui ont des intérêts dans notre pays. Ainsi, les tribus libyennes ont décidé de prendre leur responsabi­lité pour régler la crise. Les chefs de tribus sont persuadés qu’ils sont capables de régler la crise de leur pays. Ils ont compris avec le temps que régler la crise libyenne passait obligatoirement par un dialogue national direct. Nous sommes venus au Caire avec pour objectif principal de trouver un terrain d’entente au sujet des princi­paux points de discorde qui entravent toute avancée dans le processus de paix. Les chefs de tribus veulent prendre l’initiative pour régler la crise libyenne. Car ils sont conscients qu’ils détiennent les clés de tout règlement. D’ailleurs, pendant ces quatre jours, les participants ont discuté de plusieurs questions et ont pu trouver des solutions à certains de leurs différends.

— Oui, mais c’est une rencontre sans les parties politiques en conflit en Libye, notam­ment les deux parlements et gouvernements de Tobrouk et de Tripoli ...

— En effet, c’était une réunion où les hommes politiques étaient absents. Ce qui n’empêche pas que les efforts des chefs de tribus peuvent large­ment contribuer à un règlement total de la crise dont souffre le pays, depuis plus de quatre ans. Il ne faut pas minimiser ce genre de réunion qui peut influencer les décisions politiques. Nous ne voulons pas participer à la scène politique, mais nous pouvons mettre des principes et des bases qui pourront aider les politiciens et faciliter leurs travaux.

— Concrètement parlant, comment cette réunion a-t-elle pu rapprocher les vues, d’au­tant plus que les tribus de l’ouest et de la région de Tripoli étaient absentes ?

— Nous avons réussi à rapprocher les vues afin d’unifier nos efforts, malgré l’absence de certains. Nous soutenons aussi le parlement légitime et le gouvernement reconnu par la communauté internationale. Et nous rejetons le parlement de Tripoli.

Il ne faut pas négliger le rôle des tribus. Ce sont elles qui contrôlent la rue et donc la scène politique. Réussir à unifier les tribus est la seule garantie à la réussite de tout accord de paix et de toute tentative de stabilisation de la Libye. C’est pour cela que nous essayons de nous unir pour avoir une position commune face à n’importe quel plan international pour la Libye. Pendant la réunion du Caire, les participants ont insisté sur l’unification de la Libye et rejeté tous les plans de division. Nous rejetons toutes les idées telles qu’une fédération ou une scission du pays en trois Etats. La Libye demeura un seul Etat. C’est une ligne rouge.

— Cette réunion a été organisée par les autorités égyptiennes, que pensez-vous du rôle de l’Egypte dans la crise libyenne ?

— Nous avons demandé au Caire d’être un partenaire dans n’importe quelle solution concernant la crise libyenne, car les liens entre les deux pays sont solides et étroits. Il existe des relations économiques, politiques, sociales et nous avons des frontières communes. Quant aux frappes égyptiennes qui ont eu lieu contre les djihadistes de Daech, elles ont été approuvées par les autorités libyennes. Et ce n’était pas une intervention dans les affaires libyennes, au contraire c’était selon notre gré et nos voeux. Nous voulons une participation égyptienne dans nos pourparlers de paix pour profiter de son expérience et le premier pas était cette ren­contre.

— Quelles sont, selon vous, les étapes à suivre pour parvenir à une stabilisation de la Libye ?

— Il est nécessaire d’établir une période de transition stable et sûre pour pouvoir entamer la reconstruction politique et économique du pays. Mais avant cela, nous avons surtout besoin d’une armée et d’une police fortes et unifiées pour lutter contre le terrorisme.

— Oui, mais comment, selon vous, avoir une armée puissante à même de combattre le terrorisme, alors que la Libye subit un embargo sur les armes ?

— Les chefs de tribus ont créé un comité national dont le but essentiel sera de visiter les quatre coins du monde pour convaincre les pays occidentaux, arabes et régionaux que la Libye a le droit d’armer ses forces militaires. Le comité aura une mission lourde, car il doit leur expli­quer la vraie situation sur le terrain. Notre objec­tif est d’apporter un soutien à notre armée. C’est la première fois que les chefs de tribus inter­viennent dans la question de l’embargo sur les armes.

— Des représentants des deux parlements étaient récemment à Alger. Y a-t-il eu une coordination entre les réunions d’Alger et du Caire ?

— Nous avons présenté aux participants aux négociations d’Alger un certain nombre de revendications. Nous revendiquons une annula­tion des partis politiques, la suspension de leurs travaux et leurs activités. Ces partis sont la cause essentielle de la crise actuelle. Nous avons vécu pendant des années sans partis et ils n’ont ni l’expérience ni les moyens de participer à la vie politique. En plus, nous n’avons pas de loi qui organise les travaux de ces partis. Aussi, nous revendiquons une loi d’amnistie.

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