Les combattants de l'EI ont annoncé la guerre en Libye menaçant les milices de Fajr Libya.
(Photos : Reuters)
Alors que les chefs de tribus libyennes étaient au Caire, ceux des deux parlements à Alger pour tenter de régler la crise libyenne, cette crise s’est davantage compliquée cette semaine avec la montée de l’Etat Islamique (EI). La branche libyenne de l’EI a déclaré la guerre à la puissante coalition de milices qui contrôle Tripoli après avoir revendiqué, dimanche, un attentat-suicide qui a tué cinq de ses combattants. Le gouvernement des Frères musulmans basé à Tripoli et non reconnu par la communauté internationale a réagi en appelant les forces armées à la mobilisation urgente face à l’EI qui représente, selon lui, un danger imminent pour le pays. En réaction à cette déclaration, l’Organisation djihadiste a ainsi prévenu les miliciens de Fajr Libya qu’ils devaient se préparer à la guerre tout seuls. Coalition de milices hétéroclites mais dont certaines sont composées d’islamistes, Fajr Libya a pris le pouvoir l’été dernier à Tripoli. Elle y a installé de nouveaux gouvernement et parlement, poussant les autorités reconnues par la communauté internationale à s’exiler à Beida et Tobrouk dans l’est du pays.
Désormais, une partie du territoire contrôlé par Fajr Libya est contestée par l’EI, qui a pris pied l’an dernier en Libye à la faveur du chaos qui y règne depuis la chute de Muammar Kadhafi en 2011. Les djihadistes contrôlent déjà des zones dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli, et ont revendiqué des attaques-suicides contre Fajr Libya près de Misrata. Avançant d’un pas rapide, les djihadistes de l’EI se sont emparés ces derniers jours de l’aéroport de Syrte, duquel des combattants de Fajr Libya se sont retirés. Situé à 150 kilomètres de l’important croissant pétrolier libyen, c’est le premier aéroport pris par l’EI en Libye.
« Les combattants de l’EI cherchent toujours à s’emparer des ressources de richesses pour avoir leur propre financement, pour être dépendants. Ils visent les gisements de pétrole et de gaz naturel, les raffineries du pétrole ou bien volent les antiquités et les vendent », explique Dr Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Effrayées par les menaces de l’EI, les autorités de Tripoli ont appelé les officiers et soldats de l’état-major de l’armée libyenne, les forces du ministère de l’Intérieur et de tous les services de sécurité, ainsi que les révolutionnaires du 17 février dans toutes les villes à la mobilisation urgente. Dans un communiqué lu par son premier ministre, Khalifa Ghwel, le gouvernement appelle « toutes ces forces à ne pas laisser tomber leur patrie et à être prêtes pour défendre la terre, l’honneur et la religion, se disant déterminé à combattre la pensée extrémiste jusqu’à son éradication, et à combattre les takfiris (allusion aux extrémistes) ».
Appels à la communauté internationale
Le gouvernement de Tripoli appelle aussi la communauté internationale à soutenir la Libye face à ce danger imminent, et « les Etats concernés par la lutte contre ce phénomène destructeur à coopérer avec nous et à nous fournir le soutien technique, logistique et en matière de renseignement ». Les autorités de Tripoli accusent les djihadistes de s’être alliés à des anciens du régime de Kadhafi pour prendre pied à Syrte, la ville du défunt dictateur. De son côté, le gouvernement reconnu par la communauté internationale s’est engagé à tout faire pour reprendre Syrte et son aéroport des mains des terroristes. Il a réclamé des armes pour combattre le plan de l’EI. Fin février dernier, ce gouvernement avait demandé à l’Onu de lever l’embargo sur les armes afin de mieux lutter contre l’EI, mais de nombreux membres du Conseil de sécurité avaient dit craindre que les armes livrées ne tombent entre de mauvaises mains ou n’alimentent le trafic d’armes. L’Onu tente depuis des mois de rapprocher les deux autorités afin de constituer un gouvernement d’unité nationale. Ainsi, l’émissaire onusien, Bernardino Leon, travaille sur un nouveau projet d’accord, qu’il prévoit de présenter début juin aux deux parlements. La Libye a sombré dans le chaos après la chute en 2011 du régime Kadhafi, et les milices y font la loi. Fajr Libya a poussé en 2014 le gouvernement reconnu par la communauté internationale, ainsi que le parlement, à s’exiler dans l’est du pays.
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