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Fini le temps des coupures ?

Marwa Hussein, Lundi, 01 juin 2015

Le gouvernement a dépensé plusieurs milliards de L.E. cette année pour remédier à la pénurie d'électricité. A plus long terme, il compte sur les investisseurs privés pour assurer la fourniture du courant électrique.

Fini le temps
Le premier ministre et le ministre de l'Electricité lors de l'inauguration d'une nouvelle centrale électrique à Assiout.

Mercredi 27 mai, les Egyptiens ont été sur­pris par un choc ther­mique : le mercure a grimpé à 49 degrés Celsius. La vraie surprise, pourtant, c’est que ce jour là, il n’y a pas eu de coupure d’élec­tricité.

« Il n y a pas eu de coupures intentionnelles pour alléger les charges », a assuré le porte-parole du ministère de l’Electricité, Mohamad Al-Yamani. A l’exception des coupures dans le sud du Caire à cause de l’endommagement des câbles sur la route Le Caire-Alexandrie et d’une panne à Minya, en Haute-Egypte, à cause de la cha­leur.

Une efficacité d’autant plus sur­prenante qu’il y a quelques semaines seulement, le bâtiment de la Radio-télévision, dit Maspero, a baigné pendant une heure dans une totale obscurité, et que plusieurs gouver­norats de Haute-Egypte, notamment Assiout, ont été frappés de coupures fréquentes les jours précédant ce pic de chaleur.

Les coupures d’électricité sont un phénomène que les Egyptiens ont connu pour la première fois sous le gouvernement du président isla­miste, Mohamad Morsi, mais qui ne s’est pas beaucoup amélioré après son départ. L’été dernier, les cou­pures, très régulièrement, se prolon­geaient pendant des heures entières dans certains gouvernorats.

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a évoqué le sujet à plusieurs reprises. « Il n’est pas acceptable que les coupures d’électricité soient aussi fréquentes », a-t-il dit en novembre 2014.

Le gouvernement a annoncé un plan urgent pour l’été. Il consiste à augmenter la capacité de production de 3 600 mégawatts. « Ce plan nécessite des investissements de 20,8 milliards de L.E. (2,76 mil­liards de dollars), pour la construc­tion de centrales, sans compter le coût du carburant nécessaire à leur fonctionnement », selon Gaber Al-Desoky, président de la société Holding de l’électricité.

L’une de ces centrales a été inau­gurée le 28 mai, à Assiout, avec une capacité de production de 1 500 mégawatts. Depuis, il n’y a plus de coupures selon les habitants. D’ici fin de 2015, la construction de nou­velles centrales devra générer en gros 6 800 mégawatts supplémen­taires.

Décidément, le gouvernement a décidé d’investir largement dans l’électricité. « La crise d’électricité qui a eu lieu l’année passée ne va pas se répéter », a promis Mohamad Chaker, ministre de l’Electricité, lors de l’inauguration d’une centrale électrique à Suez, le 31 mai.

Parce qu’en fait, la crise ne touche pas seulement les foyers. Elle frappe également le secteur industriel. « La situation s’est considérablement améliorée dans les usines aussi. Nous avons cependant besoin d’ac­croître encore plus la production de l’électricité, non seulement pour les usines existantes, mais aussi pour les investissements à venir », dit Mohamad Al-Bahei, membre du conseil d’administration de la Fédération des industries égyp­tiennes.

Le secteur privé, source

de financement

En septembre, dans un long dis­cours consacré à la crise d’électri­cité, le président Al-Sissi a affirmé que les investissements nécessaires pour que la production d’électricité aillent de pair avec la demande se chiffraient à 130 milliards de L.E. (17,3 milliards de dollars) sur les cinq ans à venir. Le président a sou­ligné que le manque de financement était la raison principale derrière ce retard, cumulé à travers les gouver­nements successifs. « Nous avons déployé des efforts avec des inves­tisseurs pour trouver le financement nécessaire, mais les investisseurs veulent d’abord être sûrs que nous allons leur acheter l’électricité à des prix convenables, c’est-à-dire en assurant une marge de profit », a dit Al-Sissi. Une nouvelle loi, pré­vue dans quelques semaines, devra régler l’implication du secteur privé dans toutes les étapes de production et de distribution de l’électricité.

Pour remédier au manque des res­sources, le gouvernement, encoura­gé par le président, a sollicité les investisseurs dans le secteur d’élec­tricité. Il a fixé à 84 piastres/kilo­watt le tarif de rachat, garantis aux investisseurs dans le secteur de l’énergie renouvelable. Et ce, dans le cadre d’une stratégie où les éner­gies solaire et éolienne devront représenter 20 % de la production énergétique d’ici 2020.

Lors de la conférence économique de Charm Al-Cheikh, en mars der­nier, le ministère de l’Electricité a signé avec des entreprises des mémorandums d’entente à hauteur de 22 milliards de dollars. Certains accords ont été finalisés comme celui signé avec le géant allemand Siemens International. Les accords avec Siemens, de 10 milliards de dollars, portent sur la construction de plusieurs centrales électriques d’une capacité de production totale de 6,6 gigawatts. D’autres investis­sements, non moins importants, concernent l’exploration gazière, dans l’objectif de remédier à la pénurie du gaz naturel, carburant le plus utilisé en Egypte dans l’ali­mentation des centrales électriques.

Les modalités de remboursement par le gouvernement, des sommes privées investies dans la construc­tion de centrales, ne sont pas encore claires. Mais il semble que le gou­vernement est prêt à relever le défi au risque d’aggraver un déficit qui a atteint déjà 9,4 % du PIB au cours des neuf premiers mois de 2014/15.

Une partie de la facture sera bien entendu payée par les consomma­teurs, étant donné que le gouverne­ment entend lever la subvention de l’énergie d’ici cinq ans. Une pre­mière hausse des tarifs de l’électri­cité a eu lieu en juillet 2014, alors que la seconde est prévue pour juillet prochain.

Pour mettre un terme à la crise de l’électricité, le gouvernement a éga­lement opté pour une diversifica­tion des ressources. Il a récemment reçu des offres pour la production de 4 gigawatts à travers les énergies solaire et éolienne. Mais, le gouver­nement a également approuvé, pour la première fois, l’utilisation du charbon dans la production de l’énergie destinée notamment aux industries lourdement consomma­trices d’électricité, telles celles du ciment et de l’acier. Cette décision a été contestée par l’ancienne ministre de l’Environnement, Laila Iskandar, mais a été approuvée par son successeur.

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