60% des égyptiens sont privés de réseaux d'égout. Une situation dénoncée par les défenseurs de l'environnement
Au centre d’une vive polémique, le projet de la nouvelle Constitution répond-il aux attentes des défenseurs de l’environnement ? La nouvelle Constitution comprend 4 articles ayant trait à l’environnement. L’article 18 stipule que les richesses naturelles appartiennent au peuple et il incombe à l’Etat de les protéger. L’article 19 considère le Nil et les ressources hydrauliques comme un trésor national que l’Etat doit protéger et même développer. L’article 20 stipule que l’Etat doit protéger les côtes, les mers et les lacs, préserver les monuments et les réserves naturelles et arrêter toute agression contre eux. Et enfin, l’article 63 stipule que chaque citoyen égyptien a droit à un environnement saint et que l’Etat doit préserver l’environnement, le protéger de la pollution et utiliser les ressources naturelles de manière à ne pas porter atteinte à l’environnement. Bien que la présence de ces articles soit perçue de manière générale comme un aspect positif, les responsables de l’environnement considèrent qu’il y a aussi des points négatifs. Selon Dr Hossam Allam, ancien membre de l’assemblée constituante ayant annoncé son retrait de celle-ci et directeur régional des programmes au Centre pour l’environnement et le développement pour la région arabe et l’Europe (CEDARE), la Constitution ne répond pas aux attentes en matière d’environnement. « Avant de me retirer de l’assemblée constituante, j’ai déployé de grands efforts afin que le terme développement durable soit intégré à la nouvelle Constitution, mais en vain. Certains membres de l’assemblée pensaient que le développement durable était la protection des droits des homosexuels !! Ce qui est complètement ridicule. Mais malheureusement le terme est aujourd’hui absent de la nouvelle Constitution », raconte Dr Allam.
Mais il n’y a pas que le développement durable. Les experts de l’environnement auraient souhaité que des concepts comme la production propre et l’économie verte soient également intégrés au texte fondamental. « C’est vraiment malheureux. On avait la chance de jeter les bases d’un Etat moderne qui respecte les droits de l’homme, les droits de la nature et les droits des générations futures, mais comme toujours nous avons raté l’occasion », indique Dr Hossam Allam. Avant de se retirer de la constituante, il avait suggéré la formation d’un conseil suprême pour les richesses naturelles qui regrouperait tous les ministères concernés afin de coopérer ensemble et faire un travail collectif, mais l’idée n’a finalement pas vu le jour.
Pour Dr Khaled Abou-Zeid, secrétaire général du partenariat égyptien de l’eau et directeur des programmes techniques au sein du Conseil arabe de l’eau, l’article 68 aurait dû être reformulé. « Je pense que cette Constitution post-révolution devait inclure des articles sur l’eau en tant que droit et besoin fondamental surtout que 60 % de la population est privée de réseaux d’égouts ! C’est en fait l’absence d’égouts qui favorise la pollution des cours d’eau et menace la santé des Egyptiens », souligne Dr Abou-Zeid. Et d’ajouter que l’Egypte a signé il y a quelques années un accord international qui considère le drainage sanitaire comme un droit essentiel. « Où est le Conseil national des droits de l’homme ? Son président, le conseiller Hossam Al-Ghariani, qui est en même temps le président de l’assemblée constituante aurait dû proposer dans l’article 68 le droit à l’eau, au drainage sanitaire et à une alimentation saine », indique-t-il.
Dr Moustapha Fouda, ancien président du secteur de la protection de la nature au sein de l’Agence égyptienne pour les affaires de l’environnement, pense que la présence de 4 articles sur l’environnement dans la nouvelle Constitution est un pas sur le bon chemin. « J’ai étudié les Constitutions des pays développés en Europe et en Amérique, et j’ai fait plusieurs propositions surtout en ce qui concerne les réserves naturelles et leur gestion de manière qui favorise le développement durable. Mais malheureusement le développement durable n’est pas mentionné dans la Constitution et seule la pollution est mentionnée », souligne Dr Fouda. Mais selon lui, le monde ne parle plus maintenant de pollution, c’est le développement durable qui compte. « En fait, pour mettre le pays sur le bon chemin, il faut que les responsables de la rédaction de la Constitution aient une vision et soient au courant de ce qui se passe dans le monde. Mais malheureusement notre Constitution a été écrite par des gens qui pensent que le développement durable favorise l’homosexualité ! », se lamente, pour sa part, Dr Moustapha Fouda.
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