En 2013, juste après la chute de Mohamad Morsi, le milliardaire Hassan Heikal renouvelle son appel à taxer les riches. Le premier appel a lieu en 2011, quand il fait le tour des universités pour appeler à une «
taxe Tahrir ». Cet impôt consisterai à taxer une seule fois pour toutes les richesses qui excédent 5 millions de dollars.
Hassan Heikal est l’un des actionnaires principaux de la première banque d’investissement du pays, EFG-Hermes. Il a récemment dévoilé qu’il avait déclaré plus d’un milliard de L.E. de revenus sur lequel il n’a payé que 2 % d’impôt.
Une étude sur les taxes et la justice sociale, réalisée en 2009, montre que les grandes entreprises paient moins de taxes que les plus petites. La minorité d’entreprises faisant un chiffre d’affaires compris entre 500 millions et un milliard de L.E. ne paient que 3,5 à 6 % d’impôt sur les profits nets, alors qu’une entreprise avec un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions de L.E., soit la grande majorité des entreprises, paie un impôt sur les bénéfices de 29 % en moyenne.
Depuis 2009, rien n’a changé. Une étude publiée en 2015 révèle que les grandes entreprises parviennent le plus souvent à minimiser leur imposition. Citadel Holding, une entreprise d’investissement privée, a réalisé des profits nets de plus de 2 milliards de dollars sur 10 ans, mais n’a payé dessus qu’à peine 0,2 % d’impôt.
L’étude pointe du doigt l’optimisation fiscale, c’est-à-dire l’utilisation d’outils et de moyens légitimes pour payer moins d’impôt. Ainsi, Citadel Group est installé aux Pays-Bas et un tiers de ses filiales est enregistré dans des paradis fiscaux. Citadel Group n’est pas une exception : les paradis fiscaux comme les Iles Vierges et Caïmans figurent en tête de liste des nationalités des investisseurs étrangers en Egypte, avec un montant d’investissement qui s’élève à 38 milliards de L.E., selon les chiffres du ministère de l’Investissement. Le gouvernement perd annuellement des ressources fiscales estimées à 10 milliards de L.E.
Autre secteur important échappant à l’impôt : les professions libérales regroupant plus de 500 000 professionnels. Abdel-Fattah Al-Guébali, conseiller du ministère de Planification, explique qu’en moyenne ces professionnels ne payent que 586 L.E. d’impôt par an. « Un médecin qui fait une opération chirurgicale ne déclare qu’une partie de la somme qui lui est versée. Les hôpitaux privilégient les enveloppes de cash pour payer leurs médecins. C’est de la fraude fiscale pure et dure », s’insurge-t-il. Et les médecins sont loin d’être les seuls dans ce cas .
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