L’egypte est aujourd’hui appelée à intervenir dans la deuxième guerre du Yémen avec ses forces terrestres. Quelle sera la réaction égyptienne et quelle est la stratégie égypto-arabe concernant cette guerre ? Cette guerre doit être gérée par des méthodes empêchant que le Yémen ne se transforme en nouvel Afghanistan, ou en bourbier dans lequel se noieront tous les Arabes. Surtout qu’une concurrence régionale s’élève entre 3 forces : Israël, Iran et Turquie, chacune voulant imposer son hégémonie et son pouvoir sur les terres arabes au détriment des intérêts arabes eux-mêmes. La situation arabe actuelle nécessite un esprit stratégique capable de planification pour défendre les intérêts nationaux contre les différentes menaces. Or, malheureusement, cet esprit reste absent.
Le contexte arabe actuel est très critique depuis que l’Iran possède un programme nucléaire. De plus, les conflits se sont entremêlés dans la crise du Yémen. Tout cela ne laisse pas à l’Egypte le luxe d’hésiter à intervenir militairement.
Actuellement, l’Egypte est appelée à prouver son engagement sérieux à défendre la sécurité nationale arabe et celle des pays du Golfe. Et aussi à prouver sa volonté réelle à fonder un partenariat stratégique avec ces Etats, et établir un lien entre la sécurité nationale de l’Egypte et la sécurité nationale arabe en général. Surtout que les pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, commencent à douter de l’intérêt de compter sur un allié étranger et plus particulièrement, l’allié américain. En effet, une nouvelle situation pousse Washington à donner la priorité à la région sud-est de l’Asie au détriment de ses engagements au Proche-Orient.
Pendant plus d’un quart de siècle, et plus précisément depuis la seconde guerre du Golfe, les Etats-Unis ont eu l’hégémonie sur la sécurité du Golfe arabe qui a été militarisée de façon extrême pour devenir une « sécurité américaine » et non une sécurité arabe qui devait être garantie par l’intermédiaire de la mise en application de la « déclaration de Damas ». Cette déclaration avait été conclue après la guerre de libération du Golfe et stipulait un lien entre la sécurité du Golfe et la sécurité arabe, en conservant les forces égyptiennes et syriennes qui ont participé à la guerre, comme noyau de la sécurité commune. Les Américains et les Iraniens avaient refusé la déclaration, puis les Etats du Golfe l’ont également refusée, acceptant ainsi que les Etats-Unis s’accaparent de la responsabilité de leur sécurité et avec des conditions injustes posées par les Américains.
L’Egypte est consciente que les Etats arabes du Golfe sont de plus en plus convaincus de la nécessité de compter sur une force arabe et un allié arabe, et plus particulièrement sur la force et le rôle égyptiens. Et l’Egypte ne peut qu’être à la hauteur de cette confiance en répondant à la demande d’intervention militaire dans la crise du Yémen, mais avec des conditions. Ainsi, il faut d’abord que l’intervention militaire égyptienne dans la guerre du Yémen fasse partie d’une opération de formation d’une force militaire arabe commune.
Avec cette conception, les Etats du Golfe affrontent une double épreuve concernant leur engagement dans leur partenariat stratégique avec l’Egypte. La première réside dans la position du Golfe envers l’invitation adressée par le président américain aux dirigeants du Golfe pour une rencontre à Camp David afin de discuter des questions importantes, à la lumière de la signature de l’accord-cadre de la crise nucléaire iranienne. Et la seconde épreuve est de savoir comment les Etats du Golfe sont prêts à réagir avec l’Egypte dans l’affrontement du danger de Daech en Libye, l’entente autour d’une solution politique pour la crise syrienne et un rôle commun pour récupérer l’Iraq de l’emprise iranienne.
La deuxième condition est que l’intervention militaire figure dans un cadre aux caractéristiques claires, en fixant des objectifs politiques à cette ingérence. Et que la solution politique soit yéménite, avec un soutien arabe conformément aux résultats du dialogue national yéménite.
La troisième condition doit être d’imposer un nouvel équilibre solide au Yémen, au profit des forces nationales et de la démocratie, contre toutes les forces extrémistes et terroristes sans aucune exception que ce soient les Houthis, Al-Qaëda ou Daech, qui sont tous les 3 aussi dangereux les uns que les autres.
Et enfin, il faut que l’intervention militaire s’effectue uniquement sous le drapeau arabe et dans le contexte du projet arabe, avec un objectif précis de fonder un Etat national démocratique et d'ancrer un principe de la citoyenneté juste à tous les Yéménites, loin des appartenances confessionnelles qui déchirent les patries et détruisent leur unité.
Ces conditions garantissent à l’Egypte son honneur et préparent la voie à un partenariat arabe effectif et un régime arabe plus fort.
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