A l' issue d’un sommet extraordinaire tenu samedi en Tanzanie, les pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont affirmé, à Dar es Salam, être prêts à envoyer leur force d’appui en République Démocratique du Congo (RDC) pour contribuer à une nouvelle force internationale de paix, et cela sous les auspices de la Force internationale neutre chargée de contrôler la frontière entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda. Ce sommet a également exhorté les Nations-Unies à modifier le mandat de la Mission de l’Onu pour la stabilisation en RDC (Monusco), afin qu’elle puisse véritablement s’y opposer aux groupes rebelles. L’Union africaine, en particulier la RDC et ses voisins regroupés au sein de la Conférence internationale sur la région
des Grands Lacs (CIRGL), tentaient depuis des mois, depuis juillet dernier, de mettre sur pied une telle force. En effet, le bilan de la présence de la force onusienne, qui compte plus de 19 000 hommes dont la mission est de protéger les civils, est actuellement contesté par le président ougandais, Yoweri Museveni, invité par le sommet de la SADC, dont le pays n’est pas membre.
« C’est une sorte de tourisme militaire », a indiqué Yoweri Museveni, en critiquant la Monusco. Et d’ajouter : « Autant d’hommes en uniforme qui ne font que s’asseoir sur les problèmes, c’est une
grande honte ». L’Ouganda ainsi que le Rwanda ont été accusés à plusieurs reprises par des experts de l’Onu d’apporter un soutien militaire aux rebelles congolais du mouvement du M23. Ces derniers ont lancé il y a huit mois une offensive dans l’est du pays qui leur a permis de conquérir, le 20 novembre, la ville stratégique de Goma, sans rencontrer de résistance. Le 1er décembre, le M23 s’est finalement retiré de Goma, en contrepartie de négociations avec le régime du président Joseph Kabila. Ses négociations dirigées par le gouvernement ougandais, qui joue actuellement un rôle de médiateur en RDC, risquent, selon certains analystes, de ne pas aboutir, puisque quatre partis de l’opposition à l’Assemblée nationale congolaise ont confirmé leur refus de prendre part à ces négociations. Ces quatre groupes, qui disent représenter 95 % des partis de la RDC et une centaine de députés sur 500, ne veulent pas participer à ces discussions, car le gouvernement
refuse d’y débattre d’autres revendications que celles du M23. « Seul un dialogue républicain et inclusif entre la majorité au pouvoir, l’opposition et le M23 en présence de la société civile permettra de trouver une solution globale et durable à la crise », ont affirmé leurs représentants samedi, au cours d’une conférence de presse. Leur refus est aussi lié au fait que seul un statut d’observateur leur avait été proposé à ces discussions.
Selon eux, « ne pas avoir droit à la parole et participer aux négociations comme simple observateur ou témoin est un non-sens ». En outre, et selon le texte final du sommet, le
président tanzanien Jakaya Kikwete a assuré que la force d’appui (Stand by Force) de la SADC serait « activée » d’ici 14 décembre, en prévision de son futur déploiement en RDC, pour lequel il n’a toutefois pas fixé d’échéance. La Tanzanie a, de plus, accepté de mettre un bataillon à la disposition de la force internationale pour la RDC, tandis que l’Afrique du Sud s’est engagée à fournir un appui logistique .
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