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Ibrahim Al-Jaafari : Nous avons des réserves sur la force arabe commune.

Samar Al-Gamal, Mardi, 31 mars 2015

Le ministre iraqien des Affaires étrangères, Ibrahim Al-Jaafari, dont le pays rejette l’opération militaire au Yémen, appelle à des consultations plus approfondies sur la proposition d’une force arabe commune.

Ibrahim Al-Jaafari
Ibrahim Al-Jaafari , Le ministre iraqien des Affaires étrangères

Al-Ahram Hebdo : L’Iraq s’est dit oppo­sé a l’opération militaire menée par des pays arabes au Yémen, pourquoi ?

Ibrahim Al-Jaafari : Oui, nous nous oppo­sons à cette intervention militaire. Nous ne sommes pas avec la logique de guerre et l’ingérence dans les affaires internes des Etats que ce soit au Yémen ou ailleurs. Nous pensons que la solution politique et non mili­taire doit être la base pour résoudre les pro­blèmes et estimons que cette situation n’est dans l’intérêt, ni du Yémen, ni des pays arabes.

— Mais il y a une coalition étrangère dirigée par les Américains qui opère en Iraq contre Daech. N’est-ce pas une contradiction dans la position de Bagdad ?

— La situation est différente. Au Yémen, les Houthis sont une partie intégrante de la société, mais les membres de Daech en Iraq ne sont pas des Iraqiens, ils sont de nationa­lités différentes et sont venus de tous bords, de l’ex-Union soviétique, d’Australie, du Canada, de France, de Grande-Bretagne. Et il y a 62 pays qui rejettent ce mouvement. Ainsi, nous avons fait appel aux pays de la coalition pour nous sauver de Daech, et non pas d’une foule d’Iraqiens en révolte. Et ces forces étrangères qui opèrent en Iraq, nous les avons obligées à ne pas installer de base et à ne pas cibler des installations civiles, mais seulement les objectifs fixés par les forces armées iraqiennes. Aujourd’hui, toutes les catégories sociales en Iraq sont représen­tées au parlement et au gouvernement. C’est pourquoi que lorsque nous disons que nous rejetons l’intervention étrangère, nous pen­sons que la situation au Yémen est fort diffé­rente. Les Houthis sont des Yéménites en fin de compte et non pas un intrus comme Daech.

— Avez-vous soulevé cette question lors du sommet avec les responsables saou­diens ?

— Nous sommes parmi les 7 pays fonda­teurs de la Ligue arabe et nous la soutenons, quelles que soient les circonstances. Nous avons exprimé notre point de vue librement lors des discussions au sommet, mais nous ne nous sommes pas rencontrés en tête-à-tête avec les Saoudiens.

Etes-vous opposés aussi à la proposi­tion de former une force militaire com­mune ?

— Nous ne l’avons pas rejetée, nous avons seulement émis quelques réserves. Il aurait fallu mener de plus amples consultations avant l’annonce du projet afin d’élaborer des stratégies spécifiques sur le mode de fonc­tionnement de cette force. L’armée iraqienne, l’une des plus anciennes de la région avec ses capacités et son expérience et qui a participé à 3 guerres, aurait dû être mieux consultée. L’idée est bonne, c’est une initiative coura­geuse qui reflète une conscience quant aux dangers qui guettent les pays arabes. Des consultations bilatérales transparentes auraient cependant dû avoir lieu pour trans­former cette initiative en accord militaire.

Est-ce que le conflit arabo-iranien est devenu prioritaire aujourd’hui pour la Ligue arabe ?

— Je dirais que c’est un conflit arabo-arabe. Les pays arabes, au lieu de se rappro­cher davantage les uns des autres, ont ouvert une nouvelle page de guerre, alors que nous avons plus que jamais besoin de propager la paix. Et j’espère que la Ligue arabe sera à la hauteur de cette responsabilité.

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