Al-Ahram Hebdo,Kiosque | La guerre menace la région
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 Semaine du 19 au 25 juillet 2006, numéro 619

 

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Kiosque

L’offensive militaire israélienne au Liban provoque des réactions d’indignation en chaîne et fait craindre le pire, prévient la presse de cette semaine.

La guerre menace la région

L’escalade de la violence, au Liban comme dans la bande de Gaza, semble désormais ne plus vouloir s’arrêter, partout est dénoncé l’acte de guerre disproportionné d’Israël. Les manchettes de la presse cette semaine témoignent de la gravité de la situation au Liban : « Israël envahit le Liban », « Le Liban s’enflamme et nos dirigeants restent silencieux », « Israël met le feu au Liban et menace d’assassiner Nasrallah », « La guerre d’Israël pour occuper le Liban pendant 20 ans », « Une guerre israélienne contre le Liban », « L’Egypte met en garde contre le retour de la guerre », « Des pluies de Gaza au vent du Liban », « Dangereuse escalade de l’ennemi israélien contre le Liban », « Une guerre totale au Sud-Liban », « Une guerre ouverte », « Guerre ouverte et Nasrallah menace de l’après-Haïfa », « Le Liban s’embrase ». Et le quotidien Al-Ahrar titre : « La guerre menace la région », « Les Etats-Unis menacent la Syrie, et Israël se lance contre le Liban et la Palestine ».

L’attaque, au cours de laquelle le Hezbollah a capturé deux soldats israéliens et tué huit autres, « est un message clair adressé au monde, resté sourd aux gémissements provenant des territoires palestiniens occupés, théâtre de massacres quotidiens et de campagnes d’extermination », écrit pour sa part le quotidien émirati Akhbar Al-Arab. Mais la capture « sur le champ de bataille » d’un soldat israélien par le Hamas et de deux autres par le Hezbollah, « est un droit légitime » et une affaire « qui ne nécessite pas une guerre généralisée », souligne le quotidien Al-Watan, d’Arabie saoudite. Plus critique vis-à-vis du Hezbollah, Karam Gabr écrit dans le quotidien Rose Al-Youssef : « Je ne soutiens pas le Hezbollah, qui sera toujours une épine dans la stabilité du Liban. Mais ce qu’a fait Israël dépasse toutes les limites : on ne peut détruire l’infrastructure d’un pays, tuer des civils, couper les routes par les raids, uniquement à cause de l’enlèvement de deux de ses soldats ! ». « Israël détruit le Liban pour le compte des Américains, et le Hezbollah détruit le Liban au détriment du peuple libanais, Israël ne payera pas la facture et le Hezbollah ne supportera pas le fardeau : les deux ont commis des crimes contre le Liban, alors que son peuple ne cherche que la vie et la liberté ». C’est la raison pour laquelle l’écrivain libanais Radwane Al-Sayed s’interroge dans le quotidien saoudien Al-Charq Al-Awsat : « Le problème est-il celui d’Israël ou bien celui du Hezbollah ? ». D’où la couverture de l’hebdomadaire Octobar : « La guerre des otages : Hezbollah l’a allumée, Israël l’a enflammée et le Hamas essaye de calmer le jeu ».

Au Qatar, le quotidien Al-Raya avertit que la nouvelle escalade militaire israélienne au Liban « complique davantage » la situation au Proche-Orient, estimant qu’il revenait au Conseil de sécurité d’« obliger Israël (...) à libérer les prisonniers au lieu de lui donner des prétextes, en exerçant des pressions sur le Liban et les Palestiniens ». « L’agression contre le Liban (...) ne règle pas le problème et ne va pas dissuader ceux qui œuvrent pour le rétablissement de leurs droits », note le quotidien Al-Watan, de Doha.

L’écrivain Hoda Al-Husseini parle même dans le quotidien saoudien Al-Charq Al-Awsat de déclaration de guerre. « Si Israël est incapable d’agir pour alléger les pressions américaines sur la Syrie, cette dernière ne cédera pas face à Israël pour faire partir Khaled Mechaal de son territoire. Il est vrai que pour la Syrie, Mechaal est l’ultime carte pour d’éventuelles négociations. Mais la Syrie ne supportera pas cependant que Khaled Mechaal soit assassiné sur son territoire, car il s’agirait presque d’une déclaration de guerre, où le soutien arabe sera loin d’être assuré ».

Sur la question des prisonniers, le quotidien de Doubaï Al-Bayane écrit sous le titre « L’arrogance israélienne, source du malheur » que « l’espoir est que la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice et le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan appellent à une libération de tous les prisonniers, et non des seuls prisonniers israéliens ».

Unification des efforts

De nombreux analystes et commentateurs, comme l’écrivain Salah Eissa, dans le quotidien d’opposition Al-Wafd, appellent le monde arabe à une unification des efforts. « Le but israélien est clair : faire tomber le gouvernement Hamas à Gaza, et détruire les forces militaires du Hezbollah. Aujourd’hui, il est de notre devoir de nous mobiliser afin que la tempête de feu au Liban et à Gaza ne se propage pas dans le reste de la région. Nous devons épuiser tous nos efforts pour adopter une position arabe commune. Il s’agit de placer la résistance dans un contexte autre que celui des calculs des partis, ou même celui des petits calculs régionaux », souligne-t-il.

Mohamad Barakat dénonce dans le quotidien Al-Akhbar le coma dans lequel est plongé le monde. Il affirme : « Le feu a commencé à brûler le Liban, non seulement au sud du pays. Le Liban est devenu l’objectif direct des frappes israéliennes qui ne s’arrêtent pas. Et en même temps, les victimes palestiniennes continuent à tomber à Gaza sous les balles israéliennes. La conscience de la communauté internationale, quant à elle, est toujours plongée dans un profond coma. Rien n’a été fait pour les Palestiniens, alors comment espérer le moindre mouvement contre les crimes commis par Israël au Liban ? Malheureusement, nous devons comprendre que l’inconscience est mondiale ».

Alors que l’éditorialiste Abdel-Monçef Ismaïl accuse directement dans le quotidien Al-Ahrar : « Le silence arabe et international face aux crimes et plans sionistes rend la situation explosive au Liban. Le silence arabe et international exprime la faiblesse à faire face au terrorisme sioniste et aux fusées d’Olmert. Mais le silence du plus faible a toujours une fin, même si sa patience se transforme parfois en une recherche du choix de la paix. Ne croyez pas cependant que le faible doit toujours mourir faible, car la faiblesse peut un jour se transformer en une force non négligeable pour défendre son droit ».

Sur un ton très critique, Magdi Méhanna, dans le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom, s’interroge sur l’impartialité de l’Egypte : « Pourquoi cette indifférence de l’Egypte sur les événements graves du Liban ? Oublions donc le langage du silence, sans toutefois entrer dans une guerre contre Israël. L’Egypte est devenue sans couleurs, ni goût, et son indifférence est devenue sa position officielle ».

Très sévère, le quotidien d’opposition Al-Wafd parle « du jour de la colère », où « Les peuples sont aux côtés du Liban, et les gouvernements avec Israël ». Et le quotidien nassérien Al-Arabi n’hésite pas à titrer : « Le scandale des dirigeants arabes ». Dans cet hebdomadaire, l’éditorialiste Abdallah Al-Sennawi regrette que « L’Egypte se défait de son rôle régional, reste timide à dénoncer l’agression israélienne au Liban, comme si elle égale entre l’appareil de guerre israélien et le Hezbollah, ou entre l’ennemi et la résistance ou encore entre les Israéliens et les Arabes ». Restons réaliste, le bombardement intensif du Liban ne peut que faire craindre le pire dans la région. C’est pourquoi « il faut rapidement une réaction arabe pour contrer les plans israéliens », comme l’affirme Abbass Al-Tarabili, dans son éditorial d’Al-Wafd.

Hoda Ghali

Paroles

Parler d'une Eglise parallèle est très exagéré, car les forces sont inégales. Comment peut-il y avoir parallélisme entre une Eglise de 20 siècles d'âge et une confession chrétienne tout juste née ? Il ne peut y avoir de parallèle entre une Eglise comptant des millions de fidèles et un groupe qui n'en compte que des milliers. La question de la légalité religieuse de Max Michel pose aussi de nombreuses interrogations. Ceux qui l'ont désigné comme leur chef sont eux-mêmes dans l'illégalité et n'ont aucun pouvoir. L'Eglise égyptienne orthodoxe n'a rien à craindre pour son avenir.

Le pape Chénouda III,
 Al-Ahram.

Il existe des ressemblances entre le football et la politique. Chacun cherche à imposer sa volonté sur l'autre et mener ses plans tactiques. Une seule différence : le jeu du football est régi par des règles, contrairement à la politique. C'est pourquoi le joueur français Zinedine Zidane a de fortes chances de succès si jamais il songe à passer du football à la politique. Zidane est entré dans l'Histoire, et la France se réveillera peut-être un jour avec Zidane comme président de la République.

Hani Hindawi,
Editorialiste, Al-Fagr.

Approuver et applaudir. Deux verbes à l'ordre du jour chez les députés, qui semblent être là non par la volonté du peuple, mais par celle du gouverneur. Ce qui s'est passé à l'Assemblée du peuple la semaine dernière est une véritable farce. Je dirais même que j'avais envie d'en pleurer de rire. Lorsque l'article sur la détention des journalistes a été présenté, les ennemis de la liberté ont crié leur joie haut et fort comme s'ils avaient remporté la Coupe du monde de foot. Et lorsque le président Moubarak a annulé le même article, les mêmes personnes ont sauté de joie.

Gamal Badawi,
Ecrivain, Al-Wafd.

La bataille de la presse égyptienne ne se terminera pas avec l'annulation partielle des peines de détention des journalistes. Car la presse cairote est aujourd'hui jeune et vivante, du jamais vu depuis un demi-siècle. Cette presse bénéficie d'une liberté et audace sans précédent. Ainsi le face-à-face entre cette presse et les organismes officiels est loin d'être terminé.

Abdel-Rahmane Al-Rached,
Editorialiste, Al-Charq Al-Awsat.

Pour réussir une véritable réforme politique, il faut impérativement revoir le rôle des institutions, devenues aujourd'hui un fardeau pour la société. En effet, ces institutions puisent d'énormes ressources dans le budget national, et leurs responsables bénéficient d'énormes avantages au détriment des citoyens. Ces institutions n'ont pas le rôle qu'elles devaient avoir, alors pourquoi existent-elles encore ? Il faut donc soit les déclarer obsolètes, soit en réviser le rôle.

Sameh Fawzi, Editorialiste, Rose Al-Youssef.

 




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