Al-Ahram
Hebdo : Quels sont l’importance et le but du forum de l’avenir
qui a tenu sa deuxième réunion à Bahreïn ?
Ahmad Aboul-Gheit
: Le Forum de l’avenir
est un forum non-officiel afin d’échanger les points de vue
entre les pays du groupe du G8 et ceux du Moyen-Orient élargi
pour que les pays industrialisés consolident les efforts nationaux
des pays du Moyen-Orient dans les domaines du développement
politique, économique, social et dans le domaine de l’enseignement.
La décision de lancer le forum a été prise lors de la réunion
du 24 septembre 2004 à New York, en marge de la session ordinaire
de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Les pays du G8
réunis aux Etats-Unis le 9 juin 2004 avaient proposé la création
du Forum de l’avenir dans le cadre d’un plan de participation
pour un avenir commun avec les pays du Moyen-Orient élargi.
— L’Egypte
s’est opposée à l’initiative du Moyen-Orient élargi au début
de l’année 2004. Pourquoi a-t-elle participé à la conférence
de Bahreïn ?
— L’Egypte s’était
opposée effectivement en février 2004 au texte premier que
la presse avait divulgué sous le titre « L’initiative du grand
Moyen-Orient » à cause de la formulation du texte ainsi que
son ignorance des problèmes du Moyen-Orient et de la question
palestinienne, d’autant plus qu’il n’y avait pas eu de consultations
préalables au sujet d’une telle initiative avec les pays concernés
du Moyen-Orient.
— L’Egypte
a-t-elle fait des propositions particulières à Bahreïn ?
— L’Egypte a
avancé plusieurs propositions concernant la création d’un
centre de recherches regroupant les pays industrialisés et
les pays du Moyen-Orient, afin de préparer des papiers politiques
et des recherches sur la réforme politique et économique,
afin de prendre en considération l’équilibre et l’objectivité
en ce qui concerne les publications des centres de recherches.
L’Egypte a proposé aussi plusieurs rencontres entre les représentants
des gouvernements, de la société civile, des hommes d’affaires
et des centres de recherches. Les Etats-Unis ont, de leur
côté, présenté deux propositions, l’une concernant la création
du fonds de l’avenir, afin d’offrir un financement aux petites
et moyennes entreprises dans les pays de la région. La seconde
proposition concerne la création d’une Fondation de l’avenir,
en tant qu’organisme non-gouvernemental multilatéral pour
présenter l’appui aux organisations de la société civile qui
sont inscrites selon la loi dans les domaines de la démocratie
et de la réforme politique.
— Comment
l’Egypte et les pays arabes peuvent-ils promouvoir concrètement
le rôle de la société civile ?
— L’Egypte et
les pays arabes ont élargi leurs discussions avec la société
civile dans les domaines de la démocratie, la transparence,
la corruption, la participation de la femme et le respect
du droit. L’Egypte accueillera d’ailleurs en mai 2006 la deuxième
conférence des ministres de l’Enseignement du Forum de l’avenir.
Le ministère égyptien des Finances organisera aussi en 2006
la réunion des ministres des Finances. L’Egypte agit avec
ouverture et objectivité vis-à-vis de l’initiative du G8 et
des pays européens. Dans ce cadre, nous avons clairement exposé
notre position : le développement et la réforme sont un processus
qui doit émaner de l’intérieur des pays. Ils ne peuvent pas
être imposés de l’extérieur. Il faut aussi prendre en considération
les identités culturelles et les conditions démographiques,
sociales et populaires de chaque pays. La démocratie est une
opération et non un événement ; elle naît dans un pays, s’amplifie
et s’enracine à travers l’exercice et les expériences accumulées.
Administrer le processus de développement et de réforme s’opère
à travers les pays concernés et n’est point administré de
l’extérieur.
— Comment
évaluez-vous l’expérience des associations de la société civile
en Egypte ?
— L’Egypte a
des associations civiles depuis le XIXe siècle et sur un plan
très large. La plupart de ces associations s’occupaient des
œuvres caritatives qui se sont transformées d’une manière
méthodique pour servir le développement. Durant les dernières
années, ces associations ont opté pour la défense et la diffusion
de plusieurs pensées. Elles sont devenues des groupes de pression,
une partie essentielle des activités des organisations non-gouvernementales.
Cette transformation a été accueillie dans certains pays en
tant que partie prenante de l’activité politique, même si
cela n’est pas vraiment leur véritable activité. Or la plupart
de ces organisations, qu’elles soient internationales ou nationales,
prennent la responsabilité de défendre des sujets concernant
les droits de l’homme et tout ce qui est lié au bien-être
des enfants, de la femme et des groupes marginalisés de la
société, ainsi que la création et le renforcement des conditions
qui permettent aux citoyens de participer au processus de
démocratisation comme l’égalité, la transparence, l’enseignement
et la culture. L’Egypte encourage l’existence d’une société
civile nationale éclairée et nous avons plus de 18 000 organisations
répertoriées. La société civile est un médiateur essentiel
qui travaille côte à côte avec le gouvernement et le secteur
privé, afin d’achever un but commun : la prospérité du citoyen.
Je crois que le rôle de la société civile dans l’observation
des élections présidentielles a été positif dans son ensemble.
Le plus grand bénéficiaire de cette expérience a été la société
civile. De nombreuses organisations ont réussi leur mission.
D’autres ont prouvé leur inefficacité en recherchant uniquement
le financement, la reconnaissance par l’étranger, en soutenant
un seul candidat ou en menant la guerre à un autre .