Al-Ahram Hebdo, Opinion | Mounir Hamza, Rien ne change

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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Opinion

Rien ne change
Mounir Hamza
Chercheur

Tous les revers que subit la révolution égyptienne depuis quelques mois sont imputables à un seul différend : celui qui oppose le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) — qui souhaite préserver le statu quo d’avant la révolution — au courant révolutionnaire qui aspire au changement. Seules quelques avancées ont été accomplies après la chute de Moubarak grâce à la pression de la rue. Le départ d’Ahmad Chafiq, l’incarcération de l’ancien président et de ses deux fils et la mise en examen de certaines figures de l’ancien régime sont des points positifs.

Mais le plus dur reste à faire : démanteler l’ancien régime pour en construire un autre sur de nouvelles bases. Plus la période transitoire s’allonge, plus un désenchantent de la révolution se fait sentir. Ce sentiment va même, faute de sécurité et de retombées économiques, jusqu’à une perceptioL’imbroglio Place TahrirL’imbroglio Place Tahrirn négative de la révolution.

Les revers qu’a subis la révolution depuis ses débuts sont de taille. Le manque de sécurité en fait partie. Il est notamment dû au fait que bon nombre d’officiers de police de l’ancien régime — dont certains ont du sang sur les mains — sont toujours en fonction. Ainsi d’ailleurs qu’une bonne partie de ceux qui faisaient partie de l’appareil de la Sûreté d’Etat qui a commis maintes atrocités pendant des décennies. La réforme de la police, annoncée par l’actuel ministre, semble se heurter à l’influence des anciens lieutenants de l’ère Moubarak.

Le CSFA, au lieu d’encourager la réforme, a décidé de laisser traîner le dossier, se contentant de prêter main forte aux forces policières par le biais de sa police militaire. La gestion superficielle de dossiers importants est toujours de mise. Cette gestion s’applique aussi à la cohésion sociale, au volet économique et juridique, au tourisme ...

Il a fallu, en plus de cela, que le CSFA, malgré sa neutralité affichée, favorise les tendances religieuses sur plusieurs points. Peut-être en raison du fait que les islamistes ont fait savoir à l’armée qu’ils ne lui demanderaient pas de compte à rendre s’ils arrivaient au pouvoir. Ce qui n’est pas le cas des tendances libérales, socialistes et nationalistes, dont l’armée redoute qu’elles exigent des explications sur la manière dont l’armée gère le pays.

Pour ce qui est des élections qui se profilent dans un climat peu sécuritaire et complaisant à l’égard des méthodes appliquées islamistes, il va de soi que les nouveaux partis issus de la révolution et tout juste politisés auront peu de chance d’accomplir quoi que ce soit.

Contrairement aux Frères musulmans qui, eux, sont des gourous de la politique ; ainsi, d’ailleurs, que les autres tendances islamistes bénéficiant des fonds nécessaires pour monter leur campagne. Sans oublier les anciens membres du parti politique que présidait Moubarak qui devraient, à leur tour, se présenter. L’Egypte est en train de recréer les mêmes clivages politiques de l’avant-25 janvier 2011, avec de nouveaux interlocuteurs. Le CSFA en est-il conscient ? l

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