Pour ou contre la charte d’Al-Selmi
Makram
M. Ahmad
Editorialiste
Il est vrai qu’une polémique se déroule actuellement autour
de la charte d’Al-Selmi, qui
renferme de nombreuses lacunes et dont le langage judiciaire
est pauvre. De plus, cette charte a également abordé, et
sans aucun préavis, les deux articles 9 et 10 relatifs à un
cas exceptionnel pour l’institution militaire dans la
nouvelle Constitution.
Cependant, cette charte ne mérite pas de diviser le pays
comme il est actuellement le cas et de façon aussi
effrayante. La charte a divisé les partis : d’un côté il y a
les courants et les forces de l’islam politique, et de
l’autre, on trouve toutes les forces nationales avec les
anciens et nouveaux partis. C’est peut-être pour la première
fois dans l’histoire des Egyptiens qu’ils sont divisés en
deux camps, incapables de recourir à la raison et au
dialogue pour aboutir à une entente. Les deux camps
s’échangent des accusations horribles. Il ne leur manque que
la distribution des armes et la déclaration d’une guerre
civile stupide.
Cette charte ne mérite pas toute cette mobilisation qui
pourrait entraîner des manifestations dangereuses imposant
une réalité qui dépasse les limites de l’unanimité
nationale. Cette situation donne déjà un pronostic quant aux
résultats des futures élections législatives : la force
domine au lieu de la concurrence sur le plan des idées. Et
par conséquent, le climat est favorable à l’escalade de la
violence, ce qui prévoit une catastrophe inévitable.
Ce qui est plus dangereux durant les jours à venir est que
les motifs réels des protestations se perdent et les cartes
se mélangent. Ainsi, les anciens partisans de l’ancien
régime réussiront à réaliser leur objectif : élargir le
fossé entre le peuple et l’armée. Ils pourront falsifier la
réalité en mettant le Conseil militaire sur la liste des
ennemis de la révolution bien qu’il soit l’un des éléments
de sa réussite. Dans ce cas de figure, le dernier pilier qui
retient l’édifice sera détruit. Alors que leur but est
d’empêcher la tenue des élections législatives pour que les
Egyptiens deviennent de plus en plus mécontents et que leur
révolution disparaisse à jamais.
La charte d’Al-Selmi ne mérite
pas toute cette mobilisation, parce que les Egyptiens
veulent tout simplement un Etat civil, de loi et
démocratique où tout le monde jouit de tous les droits de
citoyenneté. Un Etat basé sur les lois de la tolérance
puisées dans la charia, sans fanatisme aucun, et qui
prend en considération la position géographique et
intellectuelle de l’Egypte, caractérisée par la modération.
Un Etat qui octroie les mêmes droits aux citoyens quelle que
soit leur religion, et qui possède une armée forte et
professionnelle vouée à la protection du pays et qui jouit
du respect de la nation et concrétise son honneur .