Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Waël Nasser Eddine Al-Assad, « L’objectif est d’instaurer une zone sans armes nucléaires »

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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Monde Arabe

Syrie. L’ambassadeur Waël Nasser Eddine Al-Assad, directeur du département des relations multilatérales à la Ligue Arabe, évoque la conférence qui aura lieu en Finlande en 2012, sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

« L’objectif est d’instaurer une zone sans armes nucléaires »

Al-ahram hebdo : Pourquoi la Finlande a-t-elle été choisie pour accueillir la conférence générale de 2012 pour étudier l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’ADM au Moyen-Orient ?

Waël Al-Assad : Depuis la décision d’organiser la conférence en 2010, aucun choix n’a été fait sur l’Etat qui accueillera la conférence. Les Etats-Unis sont responsables de cette lenteur. Par contre, les Arabes ont soulevé la question. Le Canada, la Hollande et la Finlande étaient les 3 pays proposés. Mais la partie arabe avait des réserves concernant le Canada et la Hollande à cause de leurs positions envers les Arabes, tandis que la Finlande adopte des positions positives, en particulier envers la cause palestinienne et la question de l’adhésion de la Palestine à l’Onu. Cependant, il y existe des réticences en ce qui concerne le choix du ministre finlandais des Affaires étrangères comme coordinateur de la conférence. La partie arabe aurait préféré un ex-premier ministre ou un ex-ministre des Affaires étrangères pour jouer un rôle plus actif.

— De quelle manière la partie arabe se prépare-t-elle ?

— La Ligue arabe effectuera des contacts avec le coordinateur de la conférence pour connaître sa conception sur les sujets traités par la conférence. Une coordination sera effectuée à l’intérieur de la Ligue pour déterminer les approches arabes et les exprimer à travers des positions conjointes, comme la définition du cadre géographique. Il faut déterminer s’il comprendra ou non l’Iran. Il se peut que la question du Pakistan soit aussi soulevée ainsi que d’autres questions techniques aux répercussions politiques, comme le mécanisme d’inspection et d’investigation. La première priorité portera sur l’agenda et le plan d’action de la phase post-conférence. Reste la question du processus de négociations sur lequel il doit y avoir un accord arabe.

— L’objectif est-il de parvenir à un accord obligatoire pour instaurer une zone exempte d’armes nucléaires ?

— Oui, l’objectif final est d’instaurer une zone exempte d’armes nucléaires. Cet accord sera obligatoire pour toutes les parties.

— Pourquoi citer précisément les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni en parlant de la conférence ?

— Quand le Traité de Non-Prolifération (TNP) des armes nucléaires a été signé, il a été déposé auprès de ces Etats qui désiraient, lors d’une conférence de révision du traité en 1995, le prolonger. Cependant, des pays arabes ont refusé. C’est pourquoi, ces 3 Etats ont réclamé l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’ADM au Moyen-Orient, pour que les Etats arabes acceptent le prolongement du traité.

— Quelle est la position arabe sur le programme nucléaire iranien ? Est-elle différente de la position occidentale ?

— La partie arabe adopte un rôle d’observateur. La communauté internationale n’a pas pu prouver jusqu’à présent que les intentions de l’Iran sont de posséder des armes nucléaires. Il est vrai que certains pays sont inquiets quant au programme iranien. Cependant, la Ligue arabe effectue un lien entre le dossier nucléaire iranien et la dimension géographique, c’est-à-dire qu’elle lie le programme iranien au programme israélien. Comment parler des intentions iraniennes sans parler des intentions d’Israël qui possède effectivement l’arme nucléaire ?

— Certains affirment que le président américain a demandé à des inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) des documents prouvant la volonté de l’Iran d’acquérir les armes nucléaires. Qu’en pensez-vous ?

— Il y a une escalade entre les Etats-Unis et l’Iran. La partie américaine utilise le dossier nucléaire pour faire pression sur l’Iran. Si des documents sont publiés, les Arabes adopteront une position. Mais jusqu’à présent, l’AIEA n’a pas pu prouver l’existence de tels documents. Les Arabes refusent catégoriquement qu’Israël ou l’Iran possède l’arme nucléaire. La région ne peut supporter l’existence de cette arme.

— Qu’advient-il de la décision de l’AIEA de 2009 concernant les capacités nucléaires israéliennes ?

— Le mystère qu’entretient Israël sur son programme nucléaire ne profite à personne. Nous allons poursuivre le dialogue entre les Etats-Unis et Israël autour de ces questions. Washington tente de convaincre Tel-Aviv de participer à la conférence de 2012, ce qui pose une interrogation importante : cette participation poussera-t-elle Israël à commencer à remédier au problème de l’arme nucléaire ? Il semble que ce dernier ne refuse pas la participation, mais il pose des questions pour ne pas être embarrassé durant la conférence de 2012. Or, nous aspirons à une solution régionale globale.

— Quelles sont les restrictions imposées par les Etats exportateurs de produits et technologies nucléaires aux pays en développement ?

— Nous avons des doutes quant aux groupes chargés de surveiller les exportations d’armes, en particulier les armes nucléaires, qui en excluent l’Inde, et tentent de faire la même chose avec Israël, non signataire de l’accord. En même temps, les mêmes prérogatives ne sont pas attribuées aux pays arabes signataires de l’accord sur le nucléaire.

— Quelle est la position arabe envers le dossier nucléaire syrien ?

— Ce dossier a été transféré au Conseil de sécurité de l’Onu depuis plus d’un an par le conseil des conservateurs de l’AIEA. Nous savons que la Syrie nie toute activité nucléaire. A ce propos, nous avons des restrictions sur 2 points. Premièrement : Israël a frappé la région de Der Al-Zor sans en informer la communauté internationale. Ce qui est très dangereux, car cela signifie que chaque pays qui doute d’une possession de l’arme nucléaire par son voisin a le droit de lancer des frappes contre lui.

Deuxièmement : la destruction par Israël du site a empêché de connaître la vérité. Nous attendons la décision de l’Agence sur cette question. Quant à l’escalade du dossier nucléaire syrien, cela a un autre sens, car nous savons que le Conseil de sécurité peut lancer cette escalade pour d’autres raisons qui n’ont rien à voir avec le programme nucléaire. Aujourd’hui, le dossier syrien ne concerne plus la Ligue arabe, puisqu’il est étudié par le Conseil de sécurité .

Propos recueillis par Atef Sakr

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