AU FIL DES PAGES
Rue Darwin, Boualem
Sansal, éditions Gallimard, 2011
Le sixième roman de Boualem
Sansal, en partie
autobiographique, est une plongée dans un pays aux prises
avec la fureur des hommes : l’Algérie. Peuplé de personnages
étonnants qui traversent un demi-siècle d’histoire
algérienne, le roman raconte la vie d’une famille éparpillée
aux quatre coins du monde et originaire de
Belcourt, un quartier populaire
d’Alger. Leila Sadia, toute-puissante grand-mère installée
dans son fief villageois, s’est bâti une fortune à partir
d’un bordel jouxtant la maison familiale. C’est de là que
Yazid, le narrateur, part pour
Alger après avoir grandi dans l’imposante maison de famille.
Cette dernière vivra au plus près l’histoire tourmentée de
l’Algérie, des années cinquante à nos jours.
Boualem
Sansal nous emporte dans un
récit truculent et rageur où il parvient à introduire
tendresse et humour jusque dans la description des pires
maux du pays : corruption, misère, violence … Rue Darwin est
le récit d’une douleur identitaire, génératrice du chaos
politique et social duquel l’Algérie peine à sortir.
Le pouvoir et la foi, Bernard Lewis, Odile Jacob, 2011
Parfois peu apprécié au Moyen-Orient, Bernard Lewis est
considéré comme étant, aux Etats-Unis, l’un des spécialistes
de la culture et de l’histoire arabo-musulmanes. Son dernier
essai tente de revisiter quelques grandes questions
d’actualité à partir du rôle de la religion au Moyen-Orient.
Il s’interroge sur le poids de l’islam en politique, la
possibilité de l’émergence de démocraties islamiques ou
encore sur le rôle de la femme et la sensibilité sociale à
l’égard de ce sujet.
Préférant parler de rapports entre foi et pouvoir qu’entre
Eglise et Etat, il présente un aperçu de la perception de
l’islam aux Etats-Unis et des questions que cette religion
soulève dans un pays encore marqué par un rejet de
l’ensemble des valeurs islamiques. Islam et liberté sont-ils
compatibles ? Plus qu’une réponse à cette question, Bernard
Lewis dévoile les craintes qui dominent l’Occident à l’égard
d’une religion stigmatisée qui continue à faire peur à une
population qui n’en connaît pourtant que des bribes l