Place tahrir.
355 569 citoyens se sont fait enregistrer aux consulats et
aux ambassades pour pouvoir voter aux élections
législatives. Il y aurait pourtant près de 8 millions
d’Egyptiens vivant à l’étranger.
Seuls 4 % des expatriés pourront voter
Samedi 19 novembre était la dernière chance pour les
Egyptiens vivant à l’étranger soucieux d’exercer leur droit
de vote lors des élections législatives prévues lundi
prochain, les premières à avoir lieu depuis la chute de
Moubarak. C’est à minuit qu’a expiré le délai prévu pour se
faire enregistrer auprès des ambassades et consulats
égyptiens. Une formalité indispensable afin de pouvoir
voter. Mais seuls 355 569 Egyptiens se sont fait enregistrer
aux consulats et aux ambassades pour pouvoir voter aux
élections législatives prévues lundi prochain, selon les
chiffres de la Haute Commission Electorale (HCE).
Pour savoir la circonscription à laquelle appartient
l’électeur, ce dernier devait faire rentrer le numéro de sa
carte d’identité sur le site Internet de la HCE destiné à
cet effet. La circonscription dépend de l’adresse en Egypte
de l’électeur. Immédiatement, celui-ci pouvait obtenir tous
les détails des candidats en lice.
Le président de l’Organisme central des comptes, Abou-Bakr
Al-Guindi, affirme que le nombre
des ressortissants égyptiens vivant à l’étranger est de 8
millions. Mais ceux figurant officiellement sur les listes
des ambassades ne dépassent pas 1,5 million. Le combat de
ces derniers, qui a commencé depuis des mois pour défendre
leur droit de participer aux élections de leur pays
d’origine, a finalement abouti : une décision récente de la
justice leur a garanti ce droit.
Le Conseil des ministres a ensuite publié un décret
réglementant les procédures électorales afin de mettre le
verdict en application. Pour les Egyptiens de l’étranger, il
suffit désormais de disposer d’une carte d’identité
nationale ou d’un passeport égyptien pour pouvoir exercer
leur droit de vote.
D’après les chiffres fournis par la HCE, 80 % des Egyptiens
inscrits figurent parmi ceux résidant dans les pays du
Golfe, notamment en Arabie saoudite (142 671). Ceux des
Etats-Unis et du Canada rassemblés ne dépassent pas les 30
000 inscrits. Ces derniers ont fait état de difficultés
techniques qui les ont empêchés d’accéder au site Internet.
Problèmes techniques
« Ce n’est pas par mauvaise volonté si beaucoup d’Egyptiens
vivant aux Etats-Unis n’ont pas réussi à se faire inscrire.
Ils se sont précipités vers l’ambassade en grand nombre pour
pouvoir obtenir de nouvelles cartes d’identité, première
démarche pour pouvoir voter », se défend Mohamad Al-Gamal,
coordinateur général des Egyptiens de l’étranger.
Pour ce qui est des Egyptiens vivant en France,
l’ambassadeur égyptien à Paris, Nasser Kamel, explique que «
la France réunit une large communauté égyptienne estimée à
près de 180 000 personnes. Malheureusement, ceux qui se sont
fait enregistrer comme votants ne dépassent pas les 4 465.
Ce qui s’explique partiellement par le fait que certains se
sont trop éloignés de leur pays d’origine. Ceux-ci ont tout
d’un coup découvert qu’ils ne peuvent pas renouveler leur
carte d’identité nationale ou que leur passeport n’est plus
valide ».
Pour les plus chanceux, qui ont arraché le droit de
participer à dessiner l’avenir de leur pays, reste le
problème du temps : une denrée rare vu le rythme de vie dans
leurs sociétés d’accueil. « Le temps qu’il faut pour faire
connaissance des candidats et de leurs programmes est
interminable. Les médias égyptiens sont trop occupés par
l’actualité quotidienne et ne s’intéressent pas à la
sensibilisation politique de cette tranche d’Egyptiens », se
plaint Moustapha Ragab,
directeur de la Maison de famille égyptienne à Londres, une
association communautaire informelle.
Ahmad Mekki, ancien président de
la Cour de cassation, soulève un autre problème, d’ordre
juridique cette fois. Selon lui, les personnels diplomates
dans les ambassades égyptiennes à l’étranger ne sont pas
prêts à tenir le rôle de contrôleur qui sera assuré par les
juges à l’intérieur du pays. « Pour eux, c’est une nouvelle
expérience qui reste encore ambiguë », estime-t-il.
Tirant les leçons de cet exercice démocratique, certains
officiels prévoient la mise en place d’un système
électronique permettant le vote par email. Mais pour ce
faire, il faudra commencer par élaborer une base de données
détaillées des Egyptiens résidant à l’étranger. Certes, ce
ne sera pas le cas aux prochaines élections, mais l’idée est
étudiée pour celles qui suivront, notamment pour le vote sur
la nouvelle Constitution et les élections présidentielles
prévues courant 2012 .
Howaïda
Salah