Al-Ahram Hebdo, Evénement | Une observation de pure forme

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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Place tahrir . Le fait que les élections soient surveillées par des ONG égyptiennes et étrangères n’est pas une garantie de transparence. Seule la participation massive des Egyptiens peut éviter la fraude.

Une observation de pure forme

Cinq jours tout juste et les Egyptiens éliront l’un des plus importants Parlements de l’histoire de leur pays. Un Parlement censé aider le pays à traverser sans encombre la période de transition et le guider vers un avenir meilleur. Le succès de ces législatives sera aussi un indice de réussite pour la révolution du 25 janvier. Chacun a son rôle dans cette opération politique : le citoyen, le candidat, l’Etat et bien sûr la société civile et les ONG chargées d’observer ces élections.

« Les médias ont dit aux citoyens que la présence des ONG assure la transparence des élections et empêche les fraudes mais c’est totalement faux », déclare Ahmad Fawzi, directeur de l’Association du développement de la participation sociale, une des ONG chargées de suivre le déroulement des élections. Il ajoute que ce qui garantit le succès de ce processus sans infractions, c’est la bonne volonté du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) et du Conseil des ministres.

La Haute commission électorale a réglementé le processus d’observation des élections. Toute organisation non gouvernementale qui souhaite faire partie de ce processus doit obligatoirement être inscrite en tant qu’association travaillant dans le domaine politique. Et ces ONG doivent présenter leurs documents au Conseil national des droits de l’homme. Celui-ci jouera le rôle d’intermédiaire entre l’ONG et la Haute commission électorale. Cette dernière requiert les diplômes de chaque observateur et une photocopie de la carte d’identité. Il s’agirait à première vue de mesures destinées à s’assurer de la crédibilité des observateurs. Mais pour les ONG, le but est de mettre des obstacles face à la société civile. « Le but de toutes ces choses c’est de nous mettre les bâtons dans les roues. Au début, ils ont exigé qu’une somme d’argent soit payée pour chaque observateur », explique Ahmad Fawzi, ajoutant que ces sommes constituent un fardeau financier pour le budget des ONG, qui doivent envoyer des centaines d’observateurs durant les élections. Mais sous la pression des associations, cette condition a été annulée récemment.

La question qui se pose à présent est la suivante : ces observateurs peuvent-ils empêcher la fraude ? Ce n’est pas sûr. Car, durant les élections de 2005 et 2010, il y a eu une fraude massive malgré la présence de ces observateurs. Le problème est que ces observateurs sont sous l’ordre des juges, qui sont les chefs des bureaux de vote. Et d’après le règlement établi par la Haute commission électorale, le juge peut ne pas accepter la présence des observateurs dans les bureaux de vote si ceux-ci sont encombrés. Les juges peuvent, en outre, retirer aux observateurs leurs permis en cas de « non-respect des règles de bonne conduite à l’intérieur du bureau de vote ».

En ce qui concerne les organisations ou les associations étrangères qui souhaitent observer les élections, la Haute commission électorale les autorise à le faire à condition d’avoir l’approbation du ministère des Affaires étrangères. En revanche, les représentants de certaines ambassades seront présents lors du vote et feront office d’observateurs. Tous les rapports élaborés par ces différentes parties sur le déroulement du vote n’ont pas de caractère contraignant pour le gouvernement. Les observateurs présenteront leurs rapports à la Haute commission électorale, aux médias, et aux organisations internationales. Dans de telles conditions, qu’est-ce qui garantit l’intégrité des prochaines élections ? Il est vrai que ces élections sont surveillées par des magistrats et des juges mais cela soulève plutôt des doutes chez certains. Car les élections de 2005 avaient vu des fraudes massives malgré la présence des juges. « La seule chose qui peut garantir la réussite des prochaines élections c’est la participation massive des électeurs », explique Yousri Al-Gharabawi, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.

Et de conclure : « Au même titre qu’ils ont réussi à renverser le régime de Moubarak, les Egyptiens réussiront à élire leur Parlement sans encombre » l

Chérine Abdel-Azim

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