Al-Ahram Hebdo, Evénement | La charte honnie des principes constitutionnels

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Evénement

Place tahrir . Ce document continue à susciter les critiques de nombreuses forces politiques. Il semble à présent sans la moindre valeur. 

La charte honnie des principes constitutionnels

La mise en place d’une charte de principes constitutionnels ou d’une charte d’honneur, faisant l’objet d’un consensus entre les forces politiques-clés, trébuche toujours. Pour le vice-premier ministre, Dr Ali Al-Sélmi, la manifestation de vendredi dernier, dans laquelle les islamistes ont tenu le haut du pavé à la place Tahrir, a porté atteinte à la charte qu’il tente de faire passer. La charte d’Al-Sélmi n’est pas la dernière en date. Elle a été précédée par d’autres chartes signées par plusieurs forces politiques. Il existe aussi la charte d’Al-Azhar décrétée par cette institution. La coalition démocratique pour l’Egypte réunissant les Frères et le néo-Wafd en avait également proposé une en juin dernier, comportant des principes qui ne sont pas tellement différents de ceux proposés par les forces et des personnalités libérales à l’exemple du Dr Mohamad ElBaradei. Quel est donc le problème de la charte d’Al-Sélmi, et pourquoi a-t-elle été rejetée par le courant islamiste mais aussi par la gauche et certains libéraux ? Tout d’abord, elle renferme des articles qui accordent à l’armée un statut quasi indépendant au niveau des finances, de manière à ce qu’elle ne soit pas soumise au contrôle parlementaire sur ce point. Elle accorde également à l’armée le droit de décréter des lois qui lui sont propres et lui fait porter l’habit de « Protecteur de la légitimité constitutionnelle ». Mais ce n’est pas tout, la charte a donné au Conseil militaire le droit de s’opposer au projet de Constitution qui sera rédigé par l’Assemblée constituante que le Parlement élu aura pour mission de former.

Les courants, les partis islamistes, la Coalition de la révolution continue et ceux du Bloc égyptien ainsi que d’autres groupes ont refusé ces privilèges et ces prérogatives accordés à l’institution militaire. Cependant, cette charte a recueilli le consentement de certains partis qui n’ont pas de véritable poids dans l’équation politique.

Ladite charte restreint les prérogatives du Parlement élu en ce qui a trait à la composition de la commission constituante chargée d’élaborer la Constitution. Selon la charte, l’Assemblée du peuple sera représentée par 20 membres seulement, ceci dans une commission de 100 membres. Alors que les 80 restants sont censés être des personnalités de la société civile, des syndicalistes et des personnalités issues d’institutions religieuses comme Al-Azhar et l’Eglise. Les islamistes refusent toute restriction des prérogatives du Parlement en ce qui a trait à la composition de cette commission, d’autant plus que tous les pronostics affirment qu’ils rafleront un grand nombre de sièges et qu’ils domineront le Parlement. Si les choses vont dans ce sens, ils seront en mesure de rédiger une Constitution qui répond à leur désir, celui de bâtir un Etat appliquant la charia.

Sur ce point, les islamistes divergent avec les forces politiques « civiles ». Ces dernières refusent de donner libre cours à la majorité parlementaire pour rédiger la nouvelle Constitution et préfèrent pour cette mission des personnalités en dehors du Parlement. La Constitution, selon eux, doit être le fruit d’une entente ou d’un consensus national plutôt que d’une majorité parlementaire.

Certains pensent qu’il faut absolument restreindre les pouvoirs du Parlement en ce qui concerne la rédaction de la charte, du fait qu’il représente l’un des 3 pouvoirs et donc, il n’est pas convenable qu’il rédige une Constitution. Bref, la Constitution doit être le reflet d’un large consentement émanant des différentes forces politiques et des différents groupes égyptiens.

S’il y a un refus de la charte d’Al-Sélmi de la part des forces politiques, les raisons affichées par les divers courants ne sont pas les mêmes.

La vive campagne menée contre la charte d’Al-Sélmi a amené le gouvernement à faire un peu marche arrière. Il a annoncé son intention d’amender les articles relatifs à l’armée de manière à supprimer l’indépendance financière de l’institution militaire et le droit de l’armée à être le garant de la légitimité constitutionnelle. Le gouvernement a également affirmé que la charte ne sera pas promulguée par une déclaration constitutionnelle émanant du Conseil militaire. Et donc, elle n’engagera que ses signataires et sera uniquement d’ordre consultatif pour la nouvelle Assemblée du peuple. Le texte final de la Constitution n’a pas encore été rendu public, mais selon toutes les prévisions, il le sera cette semaine. Vraisemblablement, la charte qui verra le jour sera très faible et n’obtiendra qu’un appui limité de certaines forces politiques. Plus encore, elle n’aura pas de caractère contraignant, et elle connaîtra le sort des dizaines d’autres chartes qui l’ont précédée. L’institution militaire, si elle veut faire passer les articles relatifs à l’armée, doit intervenir dans le processus électoral de manière à favoriser les petits partis qui lui sont proches, et qui ont été formés par de nombreux tentacules du PND évincé. Ou bien elle se trouvera dans l’obligation de continuer ses pressions sur la nouvelle Assemblée élue, afin de faire passer les articles la concernant. Quant aux forces civiles, qui voulaient la charte pour arracher certains engagements au courant islamiste au cas où ils domineraient le Parlement, elles ne peuvent parier que sur un résultat satisfaisant qui leur accorderait le tiers des sièges qui feront d’elles un bloc incontournable dans la rédaction de la Constitution .

Samer Soliman

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Chapeau au ministre

La démission du ministre de la Culture, Emad Abou-Ghazi, est louable à plusieurs niveaux. Premièrement, parce que c’est un acte de protestation contre la répression atroce menée contre les manifestants. Ensuite, parce qu’il a réussi à effacer l’image néfaste, transmise à la télé, de sa participation à la réunion du Conseil des ministres. Un Conseil dont le communiqué, sorti suite à la violence des événements, n’a pas pu dépasser le langage officiel « archaïque » décrivant les manifestations pacifiques, violemment réprimées (atteignant 1 700 blessés et 30 morts), comme une « tension artificielle visant uniquement à remettre les élections parlementaires ».

Par cet acte de démission « héroïque », Abou-Ghazi a retrouvé la place qui lui était réservée par les intellectuels avant son accès au poste du ministre, celui de l’intellectuel « venant des trottoirs des cafés culturels », pour dire qu’il était l’un des leurs. Et, si à Al-Ahram Hebdo, nous lui avons reproché une politique culturelle diplomatique qui ne rime pas avec la révolution, nous lui disons « chapeau » aujourd’hui. Parce qu’il est resté ferme dans sa décision face à toutes les pressions. Et même, lorsque le porte-parole du gouvernement, l’ambassadeur Mohamad Hégazi, a nié la démission d’Abou-Ghazi. Lui, il a insisté et a dit que sa « démission est définitive ». Il a dit aussi : « Si je n’avais pas fait cet acte, je n’aurais pas été patriotique. Je ne m’attends à aucun hommage » .

Dina Kabil

 




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