Al-Ahram Hebdo, Evénement | Frères et salafistes sur le devant de la scène

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

Nos Archives

 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Evénement

Place tahrir . Ils se sont donné rendez-vous vendredi dernier pour une nouvelle manifestation, cette fois-ci dominée par les islamistes contre les militaires et la charte d’Al-Sélmi. Mais elle n’a été que le prélude des événements sanglants qui ont commencé samedi.

Frères et salafistes sur le devant de la scène

Sous le slogan de « Vendredi de la seule revendication » comme l’ont appelé les Frères musulmans, ou encore « Vendredi de la démocratie et du transfert du pouvoir », selon les salafistes et les libéraux, plus de 500 000 manifestants ont réinvesti la place Tahrir cette semaine. Objectif : dénoncer la charte contestée d’Al-Sélmi et exiger des militaires l’accélération du transfert du pouvoir à une autorité civile élue. Une manifestation massive qui avait rendu à la place Tahrir, berceau de la révolution du 25 janvier, son brio.

En état de répit avec le Conseil militaire depuis des mois, les islamistes ont fait un volte-face en le défiant ouvertement lors de ce rassemblement où ils ont menacé de faire chuter le Conseil militaire s’il ne livre pas le pouvoir à une autorité civile avant le 30 avril 2012. « A bas les militaires ! », un slogan qui a été scandé à maintes reprises par les forces libérales, mais c’était la première fois que les Frères musulmans le disent haut et fort. Les négociations entamées la veille de cette manifestation entre le CSFA et des représentants des Frères musulmans et des partis politiques n’ont été qu’un échec.

36 forces et mouvements politiques, en majorité islamistes, ont participé à cette manifestation dont la confrérie, la Gamaa islamiya, les partis salafistes  d’Al-Nour et d’Al-Assala. Ainsi que le front démocratique du mouvement 6 Avril,  le parti de la Coalition populaire communiste et le parti d’Al-Ghad. Les foules ont commencé à affluer sur la place dès le jeudi soir, où elles ont passé la nuit préparant cette manifestation.

Avec le lever du soleil, le travail a été à pied d’œuvre pour préparer les estrades, les discours et les tracts. Vers midi, déjà des dizaines de milliers de personnes avaient pris place pour la prière du vendredi, dont le sermon a été fait comme d’habitude par Mazhar Chahine, dit l’imam de la révolution.

On pouvait voir des slogans hostiles au régime et à la charte d’Al-Sélmi. Les familles des victimes de la révolution ont aussi regagné Tahrir en installant quelques tentes pour entrer en sit-in.

Une seule différence : ce vendredi a été dominé par les islamistes qui, sur les 4 estrades présentes, se sont emparés de 3 suite à une présence timide des libéraux. « Le peuple veut la chute du régime », un slogan qui a aussi secoué la place Tahrir lors de la révolution et a été répété lors de ce vendredi, mais cette fois il était adressé au Conseil militaire au pouvoir. Les tracts électoraux des partis islamistes ont été distribués lors de la manifestation. Ce qui n’a pas manqué de soulever des accusations sur le détournement des objectifs de ce rassemblement en faveur des campagnes électorales.

Sur les banderoles entourant la place Tahrir, on pouvait lire « Le peuple veut chuter Al-Sélmi et sa charte », « Non au renouvellement du régime de Moubarak et non à l’hérédité du pouvoir aux militaires », mais aussi « Pas de Constitution que la charia ». Les Frères et les salafistes, convaincus de leur réussite écrasante aux prochaines législatives, craignaient que cette charte ne leur permette d’avoir la main haute sur la rédaction de la nouvelle Constitution. Sur l’estrade centrale, Safouat Hégazi, cadre des Frères musulmans, tire à boulets rouges sur le Conseil militaire et le gouvernement. « La légitimité des militaires provient du peuple, et ce peuple a décidé que si le pouvoir n’est pas livré à un gouvernement civil avant le 30 avril 2012, la place Tahrir annoncera la chute du Conseil militaire », menace-t-il sous un tonnerre d’applaudissement.

Quant aux libéraux, dont la présence a été timide, ils se sont joints aux rangs des islamistes pour soutenir l’appel au transfert du pouvoir. « Les divergences politiques ne doivent pas nous mener à un état de fragmentation dont profiterait le camp de la contre-révolution. Et si la révolution a réussi, c’est bien grâce à cet esprit de solidarité, et c’est pourquoi nous sommes revenus avec les islamistes aujourd’hui pour protéger une révolution en péril », estime Mohamad Saleh, membre du mouvement 6 Avril.

Une ambiance de solidarité que les slogans des islamistes n’ont pas tardé à dissiper. « Dieu est unique, le libéralisme est l’ennemi de Dieu », « Islamiya, pas laïque ni libéral », scandaient les salafistes, alors que les libéraux répliquaient : « Ni Frères, ni salafistes, notre révolution est populaire ». Des altercations qui n’ont pas duré longtemps, puisque les libéraux ont préféré se retirer de la place Tahrir pour éviter des heurts injustifiés. Le soir, la plupart des manifestants ont commencé à quitter la place après que les Frères eurent démantelé leur estrade. Tandis que les salafistes attendaient toujours l’arrivée du candidat islamiste à la présidentielle, Hazem Salah Abou-Ismaïl, qui arrive plus tard, accueilli chaleureusement par des milliers des salafistes s’écriant : « Allah Akbar ». Dans son discours, qu’un grand nombre de ses partisans trouve décevant, il revient sur sa décision de sit-in ouvert. Vers minuit, la place Tahrir est déserte, à l’exception de plusieurs dizaines de personnes appartenant au groupe des blessés de la révolution qui ont insisté à y camper pour faire entendre leurs revendications négligées. Mais ce n’était guère la fin ... les choses ne faisaient que commencer .

May Al-Maghrabi

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Howaïda Salah -Héba Nasreddine
Assistants techniques: Karim Farouk- Héba Nasreddine
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.