Al-Ahram Hebdo, Egypte | Gamal Fahmi, « Le syndicat des Journalistes ne restera pas muet devant les violations »

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Abdel-Fattah El Gibali
 
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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Egypte

Entretien . Le syndicat des Journalistes appelle ses membres à ne pas comparaître devant les tribunaux militaires. Gamal Fahmi, membre du conseil, évoque une nouvelle phase d’action syndicale.

« Le syndicat des Journalistes ne restera pas muet devant les violations »

Al-ahram hebdo : La décision du syndicat des Journalistes de soutenir ses membres dans leur rejet des procès militaires est une première au niveau de tous les syndicats professionnels et toutes les unions ouvrières. Comment cette décision a-t-elle été prise ?

Gamal Fahmi : C’est une décision qui a été prise à l’unanimité par tous les membres du conseil syndical. Nous avons jugé important de soutenir non seulement les journalistes, mais aussi tout citoyen civil qui serait convoqué pour comparaître devant les cours militaires. Il s’agit d’une position commune de notre syndicat. Le syndicat refuse ce genre de justice pour les civils. Notre position a notamment pour objectif ultime de mettre un terme à ce phénomène. Les civils ont le droit d’être jugés devant leur juge naturel. C’est une garantie de justice et d’équité pour les personnes accusées, quelles que soient leurs accusations.

— Quels sont les mécanismes que le conseil du syndicat a adoptés pour concrétiser cette prise de position ?

— Les mécanismes ne sont pas compliqués. Il s’agit pour le journaliste convoqué à comparaître devant un tribunal militaire de ne pas en prendre acte. Il doit simplement refuser de répondre à cette convocation. C’est simplement un appel à faire respecter nos droits. Il ne s’agit pas d’un acte de révolte de la part de notre conseil, mais d’une conviction de l’illégitimité de traduire les civils devant les cours militaires. Les codes pénal et civil prévoient des sanctions suffisantes contre toutes sortes d’infractions ou de crimes. A la limite, les autorités peuvent avoir recours à la loi d’urgence toujours en vigueur.

Je pense que notre position représente une pression morale vis-à-vis des autorités qui sont appelées à rompre avec cette pratique.

— Pourtant, le syndicat des Journalistes a toujours été connu pour sa modération. Cette position ne risque-t-elle pas de vous mettre à dos le pouvoir ?

— Le conseil actuel qui vient d’être élu il y a quelques semaines est le premier conseil après la révolution du 25 janvier. Il ne cherche pas à faire plaisir au pouvoir. Nous sommes plus concernés par la défense des droits des civils, notamment ceux de nos membres. A mon avis, cette position est venue rompre avec le mutisme souvent adopté auparavant face aux problèmes de ce genre. Désormais, le syndicat des Journalistes ne restera pas muet face aux violations des droits de l’homme.

— Et quelle sera la réaction des autorités à votre avis ?

— Une réaction stupide consisterait à émettre un mandat d’arrêt contre le journaliste ou le citoyen concerné. Dans ce cas, nous allons actionner nos moyens de pression dont on dispose, à savoir les manifestations et les sit-in. Les journalistes possèdent d’autres armes morales, notamment celle de publier des pages blanches. Cela dit, quelle que soit la réaction des autorités, nous serons du côté des membres du syndicat et de tous les citoyens pour sauvegarder leurs droits civils .

Propos recueillis par Rasha Hanafy

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