Al-Ahram Hebdo, Egypte | Khaled Al-Khamissi, Cherchez les responsables !

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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Egypte

Coupures de presse. Pour l’écrivain Khaled Al-Khamissi, les Américains privilégient la transaction avec les Frères, le penseur Fahmi Howeidy revendique une nouvelle élite et le jeune scénariste Bassem Charaf revient sur la mauvaise expérience chilienne.

Cherchez les responsables !

« Mahattet Misr (la célèbre gare ferroviaire du Caire) sous les eaux deux semaines seulement après son inauguration », titre le quotidien Al-Wafd dans sa livraison de dimanche. La gare qui se trouve sur la place Ramsès « venait de subir un lifting qui a coûté 170 millions de L.E., mais une canalisation centrale a lâché, inondant les quais et les parkings », écrit le journal. Le même jour, c’est la place Tahrir qui était inondée de colère et de violence. En fait, cet incident de la gare explique la situation dans laquelle se trouve l’Egypte actuelle. Une situation où l’on tente de faire du neuf avec du vieux. Comme les promoteurs de la gare, les décideurs politiques n’ont eu de cesse de passer outre un réel changement. Alors que les blessés et les familles des martyrs de la révolution demandent de juger les responsables. Le général Mohsen Al-Fangari, membre du Conseil militaire, rétorque dimanche lors d’une conférence de presse : « Les forces de l’armée accomplissent leur mission en ce qui concerne la prise en charge médicale des blessés », comme le rapporte le journal Al-Shorouk. Sur Facebook, une page créée ce même dimanche a commencé à appeler à attaquer la télévision égyptienne, où rien n’a changé, ce 25 novembre. En attendant, des pirates ont attaqué son site, comme le rapporte la page du mouvement du 6 Avril et « se sont moqués des médias officiels égyptiens qui usent des mêmes procédés utilisés du temps de Moubarak ». Au-delà des conflits laïques-islamistes, législatives-Constitution, etc., c’est du changement qu’il s’agit. C’est un legs pesant et purulent face à un élan jeune, vif et fougueux.

Dans Al-Shorouk du dimanche, l’écrivain Khaled Al-Khamissi donne son point de vue sur la situation actuelle où les islamistes se placent en première ligne. « Les Américains ont accepté la transaction avec les Frères et nous avons commencé ces derniers jours à entendre presque quotidiennement la bénédiction d’Obama à une victoire de ces derniers aux législatives. Et depuis février, nous assistons à une campagne dans les médias égyptiens en faveur des Frères musulmans, mettant l’accent sur leur combat politique et le prix exorbitant qu’ils ont payé. Bien sûr, tout cela est diffusé, sans rappeler ni le parcours des hommes de la confrérie dans les Parlements précédents et leurs relations floues avec le régime Moubarak ni les rapports de leurs hommes d’affaires avec les clans du système financier régional et mondial et leurs réseaux complexes avec l’Arabie saoudite ». Dans Al-Masry Al-Youm, le journaliste Yousri Fouda surfe sur la même vague et écrit : « Pourquoi la position de Washington laisse entendre que l’Occident, qui a été obligé de choisir entre deux mauvaises options selon son point de vue, a décidé que sa capacité à supporter les islamistes est plus forte que celle à faire face au nerf réel du printemps arabe incarné par une nouvelle génération ? Cette question est adressée aux islamistes eux-mêmes et à tous ceux qui ont encore du mal à faire leur choix ». Selon les deux auteurs, Washington et l’Occident en général seraient eux aussi frileux par rapport à ce printemps arabe aux multiples variables et inconnues.

Pour le penseur et écrivain Fahmi Howeidi, même le débat islamistes-libéraux est dépassé. Il appelle à la naissance d’une nouvelle élite pensante : « Il y a une insistance de la part de certains à partager le pays en deux camps : les islamistes et les libéraux ». Selon lui, les élites traînent encore de vieilles batailles qui ont sévi les cinquante dernières années entre laïcs et islamistes. Ces élites ne vont plus de pair avec l’esprit du 25 janvier. « Cette élite ferait-elle désormais partie du problème de l’Egypte après la révolution au lieu d’en être l’espoir ? ».     

Côté jeune, un article du cinéaste et écrivain Bassem Charaf, publié dans le journal en ligne Al-Badil après un refus de publication dans le journal Al-Akhbar, fait allusion à l’expérience chilienne et comment le pays a basculé dans la dictature avec un coup de pouce américain après des élections libres en 1970. « Ils sont restés 17 ans sous la dictature. Cette histoire vous rappelle-t-elle quelque chose ? Vous n’avez qu’à substituer dans cette histoire le nom Chili par Egypte. Et vous saurez ce que veulent les militaires ». Les jeunes en faction à Tahrir depuis samedi se sont retrouvés devant les mêmes procédés du passé. Et l’un d’eux, jeune dentiste qui a perdu un œil le 28 janvier dernier, a été atteint au deuxième œil lors des dernières manifestations et est devenu aveugle. « Vivre aveugle et la tête haute vaut mieux que de vivre voyant et humilié », c’est son message diffusé sur le Net..

Najet Belhatem

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