Avocats .
Ils ont élu dimanche leur nouveau bâtonnier, le nassérien
Sameh Achour, qui devra composer avec un conseil
majoritairement islamiste.
Les Frères perdent leur monopole
A
quelques mètres d’une place Tahrir embrasée par une révolte
populaire réprimée dans le sang, les élections de l’ordre
des Avocats se sont déroulées dimanche dans le calme et en
l’absence inhabituelle du dispositif sécuritaire classique.
C’est le président du parti nassérien Sameh Achour qui a
remporté le siège du bâtonnier, arrivant largement devant
ses principaux concurrents avec 37 597 voix. Ses principaux
concurrents, le président adjoint du parti libéral du
Néo-Wafd, Mohamad Kamel, le candidat issu des Frères
musulmans, Mokhtar Nouh, et l’islamiste indépendant
Montasser Al-Zayat, ont remporté 19 817, 17 055 et 10 825
voix respectivement.
24 candidats étaient en lice pour le poste de bâtonnier,
alors que 376 se disputaient les 45 sièges des conseils
général et locaux de l’ordre.
Les élections se sont déroulées dans une atmosphère de
transparence malgré le refus des juges d’en assurer le
contrôle à cause de leur vieille querelle avec les avocats
sur l’adoption d’une loi du pouvoir judiciaire. Le quorum
fut atteint peu avant midi annonçant le début du vote qui
s’est terminé à 17h30.
Sameh Achour a tenu une conférence de presse lundi pour
exprimer sa détermination à « n’épargner aucun effort pour
augmenter les pensions de retraite et les assurances
médicales dispensées par l’ordre », ou pour développer les
offres de logements à prix modérés à ses membres. « Nous
devons aussi résoudre les problèmes en suspens entre les
avocats et les juges pour n’être qu’une seule main au
service du peuple, notamment pour assurer des élections
législatives transparentes lors des semaines à venir », a
ajouté le bâtonnier élu.
Pour ce qui est des conseils syndicaux dont les résultats
finals ont été annoncés mardi, la compétition se limitait
principalement, comme pour le poste de bâtonnier, entre les
candidats représentant les courants national, nassérien et
ceux des Frères musulmans. Ces derniers ont monopolisé les
conseils locaux de l’ordre depuis 1991. Mais cette fois, la
situation a changé, sans doute à cause de la chute de
l’ancien régime accusé d’avoir fait le lit des islamistes à
cause de ses politiques. Comme ce fut le cas, le mois
dernier, lors des élections de l’ordre des Médecins. Chez
les Avocats, les Frères n’ont pas réussi non plus à rafler
la mise. Néanmoins, selon les résultats partiels disponibles
lundi soir, les islamistes avaient une avance relative par
rapport à l’autre courant dominant au sein des conseils
syndicaux.
« Les gens ont compris la mentalité des Frères Musulmans.
Ceux-ci placent toujours leurs calculs politiques avant les
intérêts nationaux ou syndicaux. Je crois que leur absence
sur la place Tahrir et leur refus du côté des
révolutionnaires qui se faisaient tuer là-bas a beaucoup
affecté leurs résultats dans ces élections. Le soutien dont
bénéficiaient les Frères de la part de l’ancien régime a
disparu », estime l’avocat Mahmoud Qandil, expliquant la fin
du monopole islamiste.
« En décidant de se rallier au Conseil militaire après la
révolution, ils se sont donnés une image controversée »,
renchérit Abdel-Gawad Ahmad, avocat et syndicaliste. Il
n’exclut pas que les Frères essayent d’exploiter à des fins
électorales leur succès partiel aux élections du syndicat.
Des accusations naturellement rejetées par les candidats de
la confrérie : « Auparavant, l’appareil sécuritaire
infiltrait le travail syndical. Aujourd’hui, c’est la loi
qui gouvernera notre exercice. Et toutes les décisions
seront prises à la majorité. Nous ne sommes en conflit avec
personne », se défend Mohamad Tousson, candidat affilié à la
confrérie .
May
Atta