Afghanistan .
En quête d’une issue à la crise, la
Loya Jirga (grande
assemblée traditionnelle) a transmis au président Hamid
Karzaï une série de
recommandations visant à assurer l’avenir du pays.
En quête de stabilité
Alors que le compte à rebours pour le retrait des troupes
internationales de l’Afghanistan a déjà commencé, les
efforts s’accentuent pour rétablir la paix dans le «
cimetière afghan » déchiré par les violences talibanes. En
quête d’une issue à la crise afghane, la
Loya Jirga,
la grande assemblée traditionnelle, réunie depuis mercredi,
a accepté « sous conditions » le principe d’un partenariat
stratégique entre Kaboul et Washington et a demandé une
nouvelle stratégie de paix avec les talibans. Des «
recommandations » acceptées par le président Hamid
Karzaï.
La Loya
Jirga, qui rassemble des représentants des provinces,
des tribus, des ethnies et des différentes composantes de la
société civile, était réunie très exceptionnellement pour
décider des grandes orientations afghanes à la veille du
retrait des troupes étrangères. « La
Jirga a décidé que le partenariat stratégique est
nécessaire, pour une meilleure sécurité dans le pays », a
déclaré sa porte-parole, Safia
Sidiqqi. Ce partenariat, objet
d’âpres négociations entre Washington et Kaboul, définit les
modalités de la présence américaine en Afghanistan à l’issue
du retrait de l’ensemble des unités de combat de la
coalition, prévu fin 2014.
Les 2 000 délégués, venus des 34 provinces du pays, ont
néanmoins assorti sa conclusion d’une impressionnante liste
de conditions, réclamant que le partenariat soit conclu pour
dix ans et renouvelable, et que les deux parties aient les
mêmes possibilités de le révoquer. Ils ont souligné que la
souveraineté nationale et la Constitution afghanes devaient
être respectées et que les Etats-Unis devaient garantir
qu’ils n’utiliseraient pas le sol afghan contre leurs
ennemis dans la région, en référence notamment à l’Iran. La
Loya Jirga s’est aussi dit favorable à des pourparlers avec
les insurgés renonçant à la violence, mais a demandé « une
révision de la stratégie de paix » menée jusqu’ici par M.
Karzaï, et qu’une « nouvelle politique soit tracée » après
l’assassinat le 20 septembre, par un prétendu émissaire
taliban du négociateur en chef du gouvernement,
l’ex-président Burhanuddin Rabbani. « La porte doit rester
ouverte aux membres de l’opposition armée qui désirent
renoncer à la violence et revenir à une vie paisible »,
préconise la déclaration finale. « Les ennemis et les amis
doivent être distingués », poursuit le texte, alors que
Hamid Karzaï, ne ménageant pas sa peine pour attirer les
talibans à la table des négociations, les a souvent
qualifiés de « frères ».
La Loya Jirga réclame également des « pressions
internationales sur l’Iran et le Pakistan pour qu’ils
fassent plus pour le processus de paix ». Islamabad est
accusé d’être le parrain du mouvement taliban et d’héberger
des bases arrière des insurgés sur son sol. Téhéran est
soupçonné de leur apporter une aide ponctuelle.
Les délégués exigent également qu’Islamabad accepte qu’une
commission d’enquête sur le meurtre de M. Rabbani puisse se
rendre sur son sol. Ils demandent aussi la nomination rapide
d’un successeur à M. Rabbani et une modification de la
structure du Haut conseil pour la paix qu’il présidait.
En concluant les travaux de l’Assemblée, le président afghan
a affirmé accepter toutes les conditions et recommandations
de la déclaration finale bien que les délégués aient, selon
lui, « durci les conditions » qu’il avait lui-même posées
mercredi dans son discours d’ouverture.
Plusieurs figures politiques afghanes, dont des ex-alliés de
M. Karzaï, avaient boycotté la Loya Jirga, l’estimant «
illégale » et « inconstitutionnelle » et le flou entourant
le mode de désignation des délégués avait été critiqué. Les
talibans, qui avaient pourtant menacé les participants de «
sévères représailles », ne sont pas parvenus à en perturber
le déroulement, malgré les tirs de deux roquettes jeudi
matin, dont l’une est tombée non loin du site accueillant
les débats .
M.
Ch.