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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Arts

Festival . Le 4e Panorama du film européen, qui se tient au Caire jusqu’au 29 novembre, s’annonce aussi réussi que ses dernières éditions. Un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles.

Un succès grandissant

Le Panorama du Film Européen entame sa 4e édition. Une programmation riche de 31 films grand public, de colloques et d’entrées gratuites. « Pendant ces périodes délicates sur le plan politique et social, il est essentiel de tenir de tels événements culturels », estime la productrice et cinéaste Marianne Khouri, organisatrice du festival parrainé par la fondation Misr International Films (Youssef Chahine). Une section spéciale est consacrée, cette année, aux films relatifs aux révolutions de par le monde.

Le panorama s’ouvre par la projection du film français Les mains dans l’air en présence de son réalisateur, Romain Goupil. Une œuvre engagée sur la question des sans-papiers, huit ans après Une pure coïncidence, un documentaire militant traitant du même sujet. Les mains dans l’air a cependant la force d’aborder le sujet sous un angle humain à travers une histoire d’amitié touchante et mélancolique entre des enfants.

Entre indifférence et sagesse, ce film adopte d’emblée un point de vue distancié en débutant en 2067, alors qu’une vieille dame se souvient des événements qui ont marqué sa jeunesse soixante ans plus tôt. On plonge alors dans l’actualité de 2009 et dans le passé de Milana — jouée par Linda Doudaeva — qui s’éprend de Blaise (Jules Ritmanic), un garçon de sa classe. Lorsque l’un de leurs camarades, Youssef, est arrêté par la police et chassé avec sa famille, Milana et ses proches ont toutes les raisons de se sentir menacés.

Remplissant, comme souvent, l’attente et les espérances du public, le panorama projette un autre film français, Polisse, de la réalisatrice Maïwenn. Après deux premiers films assez égocentriques, on pouvait se demander si Maïwenn était capable de mettre en scène autre chose qu’elle-même. Avec Polisse — faute d’orthographe recherchée commise par un enfant, elle aborde un sujet puissant sur le plan moral et social, en prenant pour contexte la BPM (Brigade de Protection des Mineurs), attrapant à bras-le-corps la violence faite aux enfants. Malgré un ton proche du drame télévisé, le résultat à l’écran est stupéfiant et abonde de réalisme, menant l’actrice-réalisatrice de l’œuvre au Prix du jury à Cannes en 2010.

Belles images engagées

Tirant sur la corde des révolutions et de la recherche d’un meilleur avenir, le film iranien The Green Wave (la vague verte), de Ali Samadi Ahadi, est aussi au programme. Produit et réalisé en Allemagne, il s’empare d’un thème qui semblait pour l’instant inabordable : les manifestations de 2009 et leurs conséquences.

Si des cinéastes iraniens comme Asghar Farhadi se débattent entre les griffes de la censure, ceux ayant choisi l’exil n’osent pas pour autant s’attaquer à des revendications récentes. Nombreux sont ceux qui se réfugient dans un passé lointain et nous font comprendre que l’exil n’ouvre pas la porte aux commentaires sur l’actualité. The Green Wave s’avère un musée d’archives iraniennes. Les documents rassemblés sur le Net et publiés par les Iraniens, décrivent des faits politiques ou sociaux rapprochant le film des nombreux blogs nationaux dans une version non censurée.

Signalons également au programme le film égyptien Tahrir 2011, signé par le trio Tamer Ezzat, Ayten Amin et Amr Salama, et le film allemand, Videograms of a Revolution (vidéographies d’une révolution) de Harun Farocki et Andrei Ujica, évoquant la révolution de 1989 en Roumanie.

Pour sa part, le cinéma belge est présent à travers le film Le gamin au vélo, des frères Dardenne, chaleureusement applaudi lors de sa projection cannoise. Une fois de plus, ce long métrage de Jean-Pierre et Luc Dardenne n’échappe pas à la règle, présentant des héros enfants et des thématiques sur l’ordre familial.

Il s’agit cette fois-ci du petit Cyril, 12 ans — campé par Thomas Doret — qui n’a qu’une idée en tête : retrouver son père qui l’a placé provisoirement dans un foyer pour enfants. Il rencontre par hasard Samantha — la belle Cécile de France — qui tient un salon de coiffure et accepte de l’accueillir chez elle pendant les week-ends. Mais le gamin ne voit pas l’amour que Samantha lui porte, cet amour dont il a pourtant besoin pour apaiser sa colère. Profond et subtil, le film observe le présent, toujours dans l’idée du documentaire.

Au menu également, le dernier succès du matador espagnol Pedro Almodovar, avec Antonio Banderas : La Piel que Habito (la peau que j’habite). Banderas, qui retrouve enfin le cinéaste qui l’a révélé au monde dans les années 1980, incarne ici un célèbre chirurgien esthétique, qui travaille clandestinement à la création d’une nouvelle peau humaine — sensible au toucher, mais résistant aux agressions. Pour perfectionner sa technique, il lui faut un cobaye. Sa créature aura pour nom Vera (Elena Anaya), une jeune femme qu’il séquestre.

Maîtrisé de bout en bout avec une extrême froideur, peut-être recherchée pour désigner le monde scientifique, La peau que j’habite aborde plusieurs thèmes déjà chers au cinéaste, dont celui de l’identité humaine et sexuelle. Une nouvelle vision almodovaresque, digne d’être vue.

Bref, il n’est pas toujours nécessaire d’aller bien loin pour s’évader ! A travers cette panoplie de films, le panorama nous invite à voyager aux quatre coins de l’Europe .

Yasser Moheb

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