Qui a été finalement le vainqueur de
cette guerre destructrice menée par Israël contre le Liban ?
Au moment où une fin des hostilités doit intervenir, la
question se pose non comme s’il s’agissait de connaître le
résultat d’un match de football, mais parce que la réponse
pourrait décider du genre de situation qui va s’instaurer
par la suite, non seulement au Liban mais dans l’ensemble du
Moyen-Orient. Avec une utilisation massive de la force et
des armes les plus dévastatrices et par le nombre de
victimes tombées, on ne peut nier que le Liban, en tant que
tel, a reçu un coup dur. Et les Israéliens n’ont pas manqué
de fanfaronner, à l’exemple du numéro 2 Shimon Pérès, qui
dit que le Hezbollah ne finit pas en grand héros, mais la
queue basse et que son pays émergeait plus ou moins
vainqueur de la guerre sur les plans politique et militaire.
Les Israéliens tablent sur les
implications de la résolution 1 701 avec un déploiement de
l’armée libanaise et d’une Finul renforcée et élargie et
surtout le désarmement du Hezb. Ceci fait-il de l’Etat
hébreu un vainqueur ? D’autres analyses soutiennent le
contraire. A titre d’exemple, le porte-parole de la
diplomatie iranienne, Hamid Reza Assefi, dans son point de
presse hebdomadaire, a affirmé qu’après un mois de guerre,
le régime sioniste a subi un échec total et que le mouvement
de la résistance libanaise et le Hezbollah ont obtenu une
victoire totale. Ses arguments ne relèvent d’ailleurs pas
d’une rhétorique vaine, puisqu’il précise qu’outre les
pertes humaines, militaires et économiques d’Israël, c’est
surtout le mythe de l’invincibilité du régime sioniste qui a
été détruit et que la haine contre ce régime est à son
apogée.
En fait, le Hezb a émergé dans la
conscience des Arabes, passant d’un simple mouvement chiite
accusé d’inféodation à l’Iran à un parti nationaliste
transcendant les différences. En face, Israël s’est présenté
comme justement l’Etat qui a utilisé les civils comme
boucliers humains. Pour tenter de vaincre le Hezb qui a mené
une opération limitée, il n’a trouvé mieux que cette
horrible destruction de tout le Liban. En dépit de la
protection et du soutien dont il jouit auprès des Etats-Unis
et de l’Occident en général, son image de criminel de guerre
ne s’effacera pas de sitôt .