Al-Ahram Hebdo, Monde Arabe | Un leurre appelé retrait
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 16 au 22 août 2006, numéro 623

 

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Monde Arabe

Palestine . Un an après le retrait israélien unilatéral de la bande de Gaza, le bilan est peu glorieux. Les situations humanitaire, économique et politique dans ce territoire n’ont fait que s’aggraver et l’occupation n’a pas réellement pris fin.

Un leurre appelé retrait

15 août 2005, début de l’évacuation israélienne des colonies de la bande de Gaza. C’est la liesse parmi les Palestiniens. Le retrait est considéré comme une victoire de la résistance islamique. Un an plus tard, la réalité s’est avérée amère. Le retrait israélien unilatéral ne visait jamais à mettre fin à l’occupation. Ce n’était qu’une simple mise en scène pour donner l’impression que l’Etat hébreu optait pour la paix. En réalité, il cherchait à réorganiser son extension en se concentrant sur la Cisjordanie, qui représente un enjeu pour l’entité sioniste et qui lui est plus important que la bande de Gaza dont la densité de la population est l’une des plus fortes au monde. « La situation actuelle à Gaza est une situation d’occupation contre laquelle nous avons toujours mis en garde. Aujourd’hui, la bande de Gaza s’est muée en une véritable prison pour un million et demi de Palestiniens. Israël contrôle les terminaux et il ne nous est permis de faire passer les médicaments et la nourriture qu’après une acceptation israélienne », souligne Mohamad Sobeih, représentant de la Palestine à la Ligue arabe. Israël a, en effet, maintenu son contrôle sur l’espace aérien, les eaux territoriales de l’enclave et le trafic de marchandises. Il supervise aussi les mouvements de population de et vers la bande de Gaza. Le bouclage de Gaza, mis en place en mars dernier, est total. Le seul point de passage vers l’extérieur, le terminal de Rafah situé dans le sud, est fermé de façon presque permanente.

Selon M. Sobeih, Gaza est retourné vingt ans en arrière : la vie est paralysée notamment avec la destruction de la centrale électrique, les maisons et les ponts sont détruits, et les assassinats continuent en dépit de la trêve déclarée par les différentes factions palestiniennes. « Tout en faisant croire au monde entier qu’il veut la paix, Israël applique la pire des occupations et poursuit ses actes qui sont, au vrai sens du terme, une violation de la convention de Genève. Si l’Etat hébreu s’est retiré de la bande de Gaza, le travail de judaïsation de Jérusalem et de construction du mur de séparation bat son plein », assure M. Sobeih.

C’est aussi l’avis de l’avocat Younès Al-Jarou. « Israël a dépeint ce retrait comme le recouvrement par les Palestiniens de leur liberté et de leur indépendance, mais depuis le premier jour, la bande de Gaza est restée sous occupation », a souligné à l’AFP Me Al-Jarou, président de l’Association Conscience pour la défense des droits de l’homme.

Le territoire palestinien est soumis depuis le 28 juin 2006 à des opérations de l’armée israélienne qui ont fait 172 morts palestiniens. Elles ont été lancées après l’enlèvement trois jours plus tôt d’un soldat israélien par des groupes armés palestiniens, en riposte aux attaques israéliennes. Trois Palestiniens, dont un adolescent de 17 ans, ont été tués lundi 14 août dans la matinée par une frappe israélienne près de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, ont annoncé des responsables médicaux palestiniens.

Ajoutons à cela une situation économique qui laisse à désirer. La population souffre du boycott financier international imposé aux Palestiniens depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, considéré comme organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne, qui ont suspendu leurs aides aux Palestiniens. Selon des chiffres officiels palestiniens, plus de la moitié des habitants de la bande de Gaza vivent en dessous du seuil de pauvreté et au moins 45 % de la population active est au chômage. « La situation économique est des plus noires, les travailleurs ne peuvent pas se rendre en Israël, les fonctionnaires ne sont pas payés, alors que le potentiel économique de la bande de Gaza est très faible, sans ressources naturelles ni industrie », poursuit Me Al-Jarou.

Renverser le gouvernement du Hamas

Cet état de choses ne fait que soulever des inquiétudes concernant l’avenir de l’Autorité palestinienne et du gouvernement Hamas. Des inquiétudes qui ont leur raison d’être, notamment après l’arrestation par l’armée israélienne du président du Conseil Législatif Palestinien (CLP, Parlement) Aziz Doweik, deuxième personnalité de l’Autorité palestinienne, et l’hospitalisation de sept employés du Conseil des ministres exposés à une poudre suspecte contenue dans une enveloppe qui lui était destinée. « Ce qui se passe à Gaza n’a rien à faire avec cette histoire de l’enlèvement d’un soldat. Il s’agit d’une volonté américaine et israélienne de renverser le gouvernement du Hamas. Il n’est pas dans leur intérêt qu’il y ait un gouvernement islamiste. Ils cherchent à instaurer le chaos pour effriter le régime et pour mener à l’apparition d’un groupe libéral pro-occidental. Ce qui complique davantage la situation en Palestine, c’est que le Fatah, après avoir perdu les législatives, craint la perte de ses prérogatives. En plus, la quai-totalité des régimes arabes ont des problèmes avec les courants religieux de leur pays et ne veulent pas que le Hamas soit un modèle à suivre. D’où les pressions accrues sur le Hamas », explique Moustapha Al-Gammal, du Centre des recherches arabes et africaines. Essayant de contenir la situation, le président palestinien Mahmoud Abbass a appelé à la constitution d’un gouvernement d’union nationale et a rejeté toute éventuelle dissolution de l’Autorité palestinienne. « La mise en place d’un tel gouvernement a été retardée par l’agression israélienne dans la bande de Gaza et la situation au Liban », a-t-il ajouté. Pour M. Al-Gammal, la seule solution réside dans la constitution d’un gouvernement d’union nationale, sinon les Palestiniens connaîtront sans doute une guerre civile. « Mais, je crois que les Palestiniens arriveront à un compromis renforçant la coopération entre le Fatah et le Hamas pour qu’ils puissent plus tard discuter avec le Quartette du processus de paix ».

Pour le moment, le processus de paix est lettre morte et pour le ressusciter, une délégation de la Ligue arabe appellera en septembre prochain le Conseil de sécurité à réévaluer ce processus. Une mission difficile.

Rania Adel

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« La 1701 ne répond pas à la volonté arabe »

Abdel-Aziz Chadi, professeur adjoint de sciences politiques à l’Université du Caire, commente la situation au Liban et en Palestine après l’adoption de la résolution 1701.

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la résolution du Conseil de sécurité 1 701 concernant le Liban ?

Abdel-Aziz Chadi : la résolution 1 701 a tenté d’équilibrer les demandes de plusieurs parties. Si l’on commence par Israël, on remarquera que la 1 701 a voulu garantir la sécurité du nord de son territoire, et ce en créant une zone où se déploieront des forces internationales et l’armée libanaise. La résolution a aussi tenté de répondre aux réclamations arabes dont la cessation des hostilités par la déclaration d’un cessez-le-feu, le retrait israélien du Sud-Liban et l’évocation des Fermes de Chebaa. Cependant, elle ne calme pas la colère libanaise et n’est pas à la hauteur de toutes les demandes arabes : la résolution n’ayant pas rendu Israël responsable des massacres et de la destruction des infrastructures libanaises. C’est-à-dire qu’elle acquitte en quelque sorte Israël de ses agissements. Donc, la résolution n’a pas répondu à la volonté arabe au vrai sens du terme.

— Mais cette résolution calmera-t-elle au moins la crise ?

— J’en doute fort. Personnellement, je pense qu’elle n’est pas à même de réaliser la sécurité nationale libanaise. Ni l’armée libanaise ni les forces internationales ne sont suffisantes pour couper l’herbe sous le pied aux convoitises israéliennes et pour réprimer les attaques israéliennes. Le problème n’est pas dans l’adoption de la résolution, mais plutôt dans son application.

— Pour vous, il sera alors difficile de mettre en application la résolution ...

— Oui. Son application rencontrera plusieurs problèmes dont le plus important est la détermination israélienne à réaliser son objectif au Sud-Liban, à savoir la destruction du Hezbollah et de l’entourage politique qui le soutient, afin de semer la sédition confessionnelle et les luttes intestines. De sorte qu’Israël puisse, même après le cessez-le-feu, liquider politiquement le Hezbollah. N’oublions pas qu’Israël n’a respecté aucune résolution dont il n’est pas convaincu. Et cela se voit au Liban, Israël continue d’effriter le front interne libanais. Deuxième problème : la résolution n’a ni déterminé les contingents des forces internationales, ni précisé leur compétence et leur mandat, ce qui profite à Israël qui exploitera cette lacune pour appliquer son projet militaire. Il sera toujours prêt à envahir le Liban.

— Comment expliquez-vous l’acceptation par le Hezbollah de cette résolution ?

— Le Hezbollah cherche le maintien de la structure politique interne au Liban. Son acceptation de la résolution est une sorte de message. Message adressé à la fois au peuple et au gouvernement, et qui veut dire que la résistance islamique est avec la légitimité internationale et avec toute résolution stipulant l’arrêt des hostilités et par la suite l’arrêt de la destruction. Il veut mettre un terme aux frappes qui touchent le peuple, le pays, l’économie et la société. Le Hezbollah cherche à préserver ce qui reste du Liban. Il n’accepte pas l’essence de la 1 701, mais c’est la meilleure alternative, il n’a rien eu de mieux. Par là, la résolution 1 701 est plus réaliste et plus pratique que la 1 559 qui a été très controversée au Liban, d’autant plus qu’elle a été liée à l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafiq Hariri.

— Le volet palestinien, pourtant brûlant, avait été quelque peu occulté par la guerre au Liban. Quelles conséquences peut avoir l’accalmie au Liban sur les Territoires ?

— La situation dans les Territoires occupés diffère dans une large mesure de celle du Liban. Au Liban, le Hezbollah a pu tenir devant Israël parce qu’il jouit d’un certain appui politique. Par contre, en Palestine, le Hamas est exposé à des pressions beaucoup plus accrues. On lui demande toujours de faire des concessions et de reconnaître l’Etat hébreu, et ce outre les dissensions entre le Hamas et le Fatah. Le Hamas n’a pas les compétences stratégiques, militaires, politiques et médiatiques du Hezbollah. Ce faisant, on ne pourra pas parvenir aux mêmes résultats. La 1 701 ne profite pas au volet palestinien, par contre, elle pourra compliquer davantage la situation dans les Territoires occupés. Une fois que le volet libanais sera calme, Israël battra encore plus fort le Hamas.

 




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