Les Libanais sont tous solidaires.
Au cours de cette guerre barbare déclenchée par Israël contre le
peuple libanais, l’unité nationale libanaise s’est clairement
révélée. Les Libanais tiennent à leur unité et ne la céderont
pour rien. Tous les sujets sont minutieusement étudiés afin de
prendre les bonnes décisions. Nous n’accepterons jamais que
l’unité nationale réalisée durant les récents événements ne soit
brisée.
— Mais il existe vraiment un problème au
sujet du désarmement du Hezbollah.
— Cette question avait été soulevée lors du
dialogue national. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan
Nasrallah, a présenté une étude au cours de la dernière séance
sur une stratégie militaire nationale libanaise capable
d’affronter les agressions israéliennes. Nous étudions
actuellement tous les aspects de ce dossier. C’est le conseil
des ministres qui en décidera à la fin. De toute façon, toutes
les questions sont actuellement discutées et chaque ministre
exprime librement ses opinions. Nous sommes solidaires et nous
tenons tous à l’intérêt du pays et à la préservation de sa
souveraineté et de sa stabilité.
— De nombreuses parties internationales ont
accusé le Hezbollah d’avoir enfreint l’accord de trêve pour
avoir dépassé la ligne bleue. Qu’en dites-vous ?
— C’est Israël qui enfreint, depuis des
années, l’accord de trêve cité dans les points du plan du
gouvernement présenté à l’Onu. Ce plan a fait état de la
possibilité d’amender l’accord à travers l’Onu, pour qu’il soit
plus adapté à la nouvelle conjoncture. Tout cela sous les
commandes de l’Onu. Nous avons accepté l’augmentation des
effectifs de la Finul. Cependant, nous comptons en premier lieu
sur l’armée libanaise qui jouit du respect de tous les Libanais.
C’est pourquoi tout le gouvernement réuni a pris sa décision
audacieuse d’envoyer son armée au sud avec le retrait total des
forces israéliennes en-deçà de la ligne bleue. Je pense que la
proposition présentée par le gouvernement, et soutenue par tout
le peuple libanais, a été un critère principal déterminant ceux
qui veulent que le Liban se renforce en comptant sur ses propres
outils, en fonction la souveraineté de l’Etat et de ses droits,
et ceux qui veulent à tout prix faire entrer le pays dans les
entreprises dont nous avons eu l’expérience dans le passé et qui
nous ont causé bien de torts.
— La résolution 1 701 a-t-elle réalisé le
minimum de ce que voulait le Liban ?
— La résolution 1 701 a vu le jour suite à un
accouchement difficile. De nombreux responsables, les grandes
puissances membres et non membres du Conseil de sécurité, ainsi
que la troïka arabe et les efforts libanais ont participé à sa
formulation. On aurait bien sûr préféré que le Conseil de
sécurité ordonne un cessez-le-feu immédiat au lieu de donner la
chance à Israël de commettre davantage de crimes contre le
peuple libanais. Cependant, à l’heure où Israël voulait profiter
de ce temps, il a subi de grandes pertes. En fait, je m’étonne
comment le Conseil de sécurité ne s’est réuni qu’un mois après
le début des agressions israéliennes contre le Liban. De plus,
la résolution n’est pas claire en ce qui concerne le retrait des
forces israéliennes derrière la ligne bleue. La résolution du
Conseil de sécurité stipule que ce retrait soit parallèle au
déploiement de l’armée et de la Finul. Nous insistons sur ce
point et espérons qu’il sera appliqué à la lettre. Si les forces
israéliennes restent sur les territoires libanais, ceci
entravera le déploiement de l’armée libanaise et de la Finul.
— La résolution 1 701 n’a-t-elle donc aucun
aspect positif pour le Liban ?
— Elle en a. La résolution n’a pas été
classée sous le chapitre 7, comme l’a officiellement revendiqué
le Liban. De plus, il n’y aura pas de forces internationales en
dehors du cadre de l’Onu. Ceci est une chose importante car nous
avons une mauvaise expérience avec les forces multinationales.
En ce qui concerne les Fermes de Chebaa, nous aurions souhaité
que la proposition du gouvernement libanais de les placer sous
l’autorité de l’Onu soit adoptée. Selon la résolution 1 701, le
secrétaire général de l’Onu présentera des propositions pour
résoudre cette question dans 30 jours. La simple mention des
Fermes de Chebaa dans une résolution internationale concernant
le Liban constitue une reconnaissance par la communauté
internationale des droits libanais sur cette zone. Au départ,
nous avons demandé qu’il n’y ait pas de distinction entre les
détenus libanais et les détenus israéliens. La simple demande de
trouver une solution rapide à cette question signifie qu’ils
doivent s’empresser de libérer les détenus libanais comme a été
exigée la libération des deux prisonniers israéliens. Que la
résolution stipule un retrait total des forces israéliennes avec
l’entrée des forces libanaises et de la Finul, représente un
aspect positif. Nous avions d’ailleurs revendiqué un
cessez-le-feu immédiat et inconditionnel suivi d’un retrait
immédiat afin de permettre le déploiement de l’armée libanaise
et de la Finul. Si les forces israéliennes se maintiennent au
sud, nous considérons ceci comme une occupation des territoires
libanais. Le Liban avait aussi demandé qu’Israël lui remette les
plans des mines qu’il a plantées. La résolution a retenu cette
exigence. En ce qui concerne le désarmement, un dialogue
international sera engagé à ce sujet incluant le gouvernement
libanais. La résolution stipule aussi le retour des déplacés à
leurs villages et la nécessité d’instaurer la paix stable et
durable conformément aux résolutions 242 et 338. C’est-à-dire
qu’ils ont commencé à étudier la cause palestinienne, qui est
l’essence du problème.
— Vous avez mentionné que la résolution
portait de nombreux aspects négatifs sur lesquels vous avez émis
des réserves. Quelles sont-elles ?
— La résolution n’est pas équilibrée en ce
qui concerne la définition de l’agression israélienne. Celle-ci
n’est pas la réplique à la capture des deux soldats israéliens.
Elle était organisée et planifiée et attendait seulement l’heure
H. De plus, la résolution n’a pas exigé un cessez-le-feu
immédiat. Nous demandons comment Israël agira durant la période
de cessez-le-feu, puisqu’il insiste que sa guerre est une guerre
défensive. La preuve en est qu’il a poursuivi ses agressions
après la promulgation de la résolution 1 701. Par ailleurs, la
résolution ne fait pas assumer à Israël la responsabilité de ces
agressions pour que nous puissions demander des indemnisations.
Cependant, nous poursuivrons ce sujet auprès des différentes
instances internationales.
— Pensez-vous qu’Israël exécutera toutes les
clauses de la résolution ?
— Israël n’a jamais exécuté de résolution
internationale. A commencer par la résolution 194 jusqu’à la
résolution 425. Espérons que le Conseil de sécurité sera
tranchant en ce qui concerne la résolution 1 701 et qu’Israël
mettra un terme à ses agressions. Dans ce contexte, la volonté
internationale joue un rôle important. L’essentiel c’est qu’elle
soit forte.
— Comptez-vous poursuivre votre bataille
diplomatique sur le plan international pour revendiquer des
indemnisations à Israël ?
— Le Conseil des droits de l’homme, affilié à
l’Onu, a condamné l’agression israélienne dans une résolution
dénonçant fortement les violations commises par Israël des lois
humaines internationales. Cette résolution revendique aussi
l’ouverture d’enquêtes sur les massacres commis par Israël au
Liban. Ceci constitue une victoire diplomatique pour le Liban
dans la longue chaîne de procès et de plaintes qu’il compte
présenter aux diverses instances et forums internationaux, pour
punir Israël pour les crimes de guerre commis au Liban. Notre
bataille sera longue contre l’ennemi israélien. Ses responsables
criminels ne seront pas à l’abri de la justice internationale et
desjugements criminels qu’ils méritent.
Fathi Mahmoud